Ebih ou Abih, que les sumériens écrivaient En.ti, est le nom, peut-être d’origine sémitique, de l’actuel Djebel Hamrîn, chaîne de collines dont le sommet ne dépasse pas 300m, impressionnante pourtant çà et là, dans un pays aussi désespérément plat. Elle constitue comme une avancée occidentale du Zagros et s’étendent, du sud-est au nord-ouest, sur environ 250 km, depuis les alentours de meturnu/Meturnat, sur la rive gauche de la Diyala jusqu’en dessous de l’embouchure du petit zab, affluent oriental du Tigre. Ce territoire avait son importance : seule barrière orographique sur le sol sans relief de la Mésopotamie, il semble depuis toujours l’avoir coupé en deux, tant sur le plan ethnique et linguistique que politique, en séparant la partie nord -que nous appelons Assyrie, est dont la plus vieille capitale se trouvait précisément installée à l’extrémité orientale de la chaîne- de la partie sud : anciennement Akkad et Sumer, plus tard notre Babylonie. C’est peut-être ce rôle, joint à la dévotion que les anciens Sémites, au moins, paraissaient avoir toujours portée aux « montagnes » et hauteurs, qui a valu à l’Ebih d’être considéré, autrefois, comme un personnage surnaturel, tenu pour divin et qui a joué, à ce titre, un rôle discret dans la dévotion populaire, depuis avant l’époque de Sargon d’Akkadé jusqu’en plein IIéme millénaire, voire plus tard.
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Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.]]>