A propos de sa mère; naissance et famille; Autobiographie; Gandhi.

Je me souviens d’une fois où elle tomba malade, durant l’observance du vœu de Chandrâyana 1, sans permettre à son état de santé d’interrompre cette observance. Deux ou trois jours de jeûnes consécutifs n’étaient rien pour elle. Un seul repas par jour, durant les Châtourmâs2, lui était chose habituelle. Non contente de cela, il lui arriva de jeûner un jour sur deux durant les Châtourmâs. Une autre fois, elle fit le vœu de ne pas prendre de nourriture de toute leur durée, en l’absence de soleil. Pendant ce temps, nous, les enfants, nous passions les journées, la tête levée, à guetter le soleil, attendant qu’il se montrât pour l’annoncer à notre mère. Chacun sait qu’à l’apogée de la saison des pluies il arrive souvent que le soleil ne condescende pas à apparaître. Et je me souviens de certains jours où, à sa soudaine apparition, nous courrions lui annoncer la nouvelle. Elle se précipitait dehors pour la vérifier de ses propre yeux, mais, entre-temps, le soleil fugitif s’en était allé, la privant de son repas. « n’importe » disait-elle gaîment. « Dieu n’avait pas envie que je mange aujourd’hui ». Et elle s’en retournait vaquer à ses occupations.

1: Chandrâyana, du sanskrit čandra (lune) et ayana (fait d’aller, cours d’un astre). Il s’agit d’un jeûne de pénitence réglé sur le cours de la lune: »le premier jour de la quinzaine claire, le pénitent mange une bouchée et il augmente chaque jour sa nourriture d’une bouchée, de sorte que, le jour de la pleine lune, il mange quinze bouchée ; à partir du premier jour de la quinzaine obscur qui suit, il diminue sa nourriture d’une bouchée, de sorte qu’il jeûne entièrement le quinzième jour, qui est celui de la nouvelle lune. »(commentaires aux lois de manou, XI, 217). Le chandrâyana se fait en « grain d’orge » (jeûne aux deux extrémités de la période) ou en fourmi (jeûne au milieu de la période, par allusion au corps de la fourmi, qui est très étroit en son milieu)

2:Châtourmâs, du sanskrit čatur (quatre) et mâsa (mois), cérémonie ayant lieu tout les quatres mois et ayant pour but de s’acquitter d’un vœu.

pg 11

Autobiographie ou mes expériences de vérité; Mohandas Karamchand Gandhi; puf; 2007

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