En mettant sur la bouche d’Éreškigal en personne les ordres donnés à son lieutenant, non seulement de ranimer Ištar, et , implicitement, de la faire sortir de l’Enfer, puis, au lieu et place de la troupe démoniaque, de veiller à ce qu’elle fournisse un remplaçant de sa personne, mais aussi de s’arranger pour que Tammuz ait l’air à l’aise et fringuant-sous entendu : lorsque Ištar tombera sur lui- la version allège en quelque sorte la responsabilité de la déesse : en s’irritant de voir son amant festoyer, alors qu’elle-même était détenue en enfer, et en le condamnant précisément pour cette inconscience ou cette insolence, à l’y remplacer, Ištar est donc tombée dans le piège que lui a machiné la noire Éreškigal, furieuse qu’on lui ait arraché sa prisonnière. De toute évidence, la Descente d’Ištar, si elle laisse bien au compte de l’héroïne d’avoir rejeté et damné son amant en contrecoup de sa propre foucade, présente la chose plus discrètement que dans la Descente d’Inanna, et comme en essayant d’estomper quelque peu l’horreur de cette trahison, puisqu’elle en fait partager la responsabilité avec Éreškigal.
Commentaire sur la Descente d’Ištar aux Enfers (variante akkadienne de la descente d’Inanna aux Enfers) pg 327-328
Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.