En ce temps-là, les hommes ne mangeaient que de l’herbe
comme font les moutons :
C’est alors, très anciennement,
que An fit descendre le ciel
Céréales (Ašnan), Orge et Lin.
Or enlil, s’apprêtant tel un bouquetin,
à dévaler la montagne escarpée,
jeta un œil en-bas : c’était la mer nue !
Alors, il regarda en-haut :
c’était la montagne au parfum de cèdre,
il mit donc l’Orge en tas
et l’entreposa sur cette montagne-
il mit en tas la richesse du pays
et l’entreposa sur la montagne…
Puis il condamna les flancs de la région montagneuse,
auparavant large-ouverts,
de chevilles qui joignaient ciel et terre,
de verrous qui …
….
or un jour Ninazu…
dit à Ninmada, son frère :
« Gagnons la montagne,
la Montagne où pousse Orge et Lin ;
Et, par la Rivière tumultueuse,
dont l’eau jaillit du sol,
Faisons descendre l’Orge de la Montagne,
Et amenons jusqu’à Sumer cette Orge-innuha.
Ainsi révélerons-nous l’orge à Sumer, qui l’ignore! »
Mais Ninmada, soumis à An, lui répondit :
« Puisque notre père ne nous à point donné l’ordre-
Puisque Enlil ne nous l’à pas commandé,
pourquoi gagnerions-nous la Montagne,
en ferions-nous descendre l’Orge,
Amènerions-nous jusqu’en Sumer cet Orge-innuha,
Et révélerions-nous ainsi l’Orge à Sumer, qui l’ignore ?
Viens plutôt ! Allons consulter Utu-le-céleste :
Celui qui dort, celui qui dort et qui sommeille,
Utu-le-preux, le fils de Ningal,
qui dort et qui sommeille! »
Ils levèrent donc leur mains vers Utu-aux-septante-Portes
Version intégrale.
Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.
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