La sensibilité du protoplasme vivant est un phénomène naturel très curieux, elle est la passoire par laquelle nous percevons les stimuli intérieurs et extérieurs ; elle forme le lien entre le Moi et le monde. C’est là un fait que reconnait la philosophie naturaliste aussi bien que la science naturelle, pour autant qu’elle réfléchisse sur ses méthodes d’investigation. Il est d’autant plus étrange que la recherche fût incapable jusque’ il y a peu de se prononcer sur cet aspect essentiel de sa nature, sur son instrument le plus précieux, et que le mysticisme ait pu s’emparer si complètement et de manière si destructive du domaine des sensations vitales.
Des faits aussi grotesques ont toujours une fonction déterminée et obéissent à une intention secrète. Il serait naturellement faux de s’imaginer que les animaux humains cuirassés aient un beau jour tenu conseil secret et aient pris la décision d’empêcher toute connaissance de la nature des sensations, lien entre moi et la nature, de punir les divulgateurs de ce secret de la nature, de les persécuter, les bruler, les torturer. Une telle réunion ne s’est jamais tenue, une telle résolution n’a jamais été prise. La lutte à mort de la peste émotionnelle contre la connaissance de la nature des sensations a été dictée, dirigée et mise en œuvre par les lois fonctionnelles du caractère des êtres vivants cuirassés.
Animisme, mysticisme, mécanisme ; pg 110-111
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