Création et mort de la Bête; Hymne 3, pour Apollon ; Hymnes Homériques ; Hésiode

Proche est une source aux belles eaux ;

c’est là que le prince,

le fils de Zeus, avec son arc puissant,

tua la Bête,

la grande , l’énorme monstre des champs,

qui avait fait

bien du mal aux hommes sur la terre,

bien du mal à eux d’abord,

bien du mal aux moutons qui ont les pattes fines.

Funeste fléau.

Elle avait nourri, l’ayant reçu

d’Héra (son trône est d’or),

Typhaôn le terrible, le cruel,

fléau de ceux qui meurent,

celui qu’Héra, en colère,

contre Zeus le père, avait enfanté,

quand le Kronide avait fait naître

Athéna la magnifique,

de sa tête. Héra le souveraine

se mit soudain en fureur

et devant les dieux assemblés

voici ce qu’elle dit :

« Écoutez-moi, vous tous, les dieux

et vous, toutes les déesses,

voyez comment m’a offensée

Zeus Maître-des-Nuages.

C’est lui qui a commencé. Moi, j’ai été

toujours une épouse parfaite.

Il a mis au monde sans moi

Athéna Yeux-de-chouette

qui se distingue au milieu

de tous les bienheureux immortels.

Mais au milieu de tous les dieux

il est né infirme,

mon fils Héphaïstos, il est bétourné,

lui que j’ai enfanté.

Je l’ai saisi de mes mains

je l’ai jeté dans la vaste mer.

Mais voici que la fille de Nérée

Thétis Pied-d’Argent,

l’a recueilli, a pris soin de lui

avec toutes ses sœurs.

Il y avait pourtant d’autres moyens

pour plaire aux dieux bienheureux.

Cruel, on ne sait pas ce que tu penses,

qu’es-tu en train d’inventer ?

Comment as-tu osé faire tout seul

Athéna Yeux-de-chouette ?

Je pouvais la faire, moi. Et on dit

que je suis ton épouse,

parmi ceux qui ne meurent pas,

ceux qui ont leur maison sur l’Olympe.

Prends garde : ce que je vais inventer

pourrait te faire mal.

Dès maintenant, moi, je vais m’arranger

pour que naisse

un fils à moi, qui se distingue parmi

tous les bienheureux immortels.

Je le ferai sans souiller ton lit,

qui est saint, ni le mien.

Non, je n’entrerai pas dans ton lit,

mais, séparée de toi,

je serai tout de même en compagnie

des dieux qui ne meurent pas. »

Voila ce qu’elle dit, et, en colère,

elle s’en alla loin des dieux.

En suite, elle lança le cri magique,

la reine Héra Yeux-de-vache ;

à main plate elle frappa

le sol et dit ces paroles :

« Écoutez-moi, Terre

et toi, Ciel, par-dessus,

et vous, dieux Titans,

vous qui habitez sous la terre

autour du vaste Tartare,

d’où viennent les hommes et les dieux ;

écoutez-moi, vous tous

et faites que j’aie un enfant

toute seule, sans Zeus,

qui ne soit pas moins fort que lui.

Qu’il soit à Zeus

ce que Zeus Tout-Voyant fut à Kronos. »

Ce disant de sa forte main

elle battit la terre.

La terre qui donne la vie en fut secouée. Ce que voyant

l’autre en eut grande joie en son cœur.

Elle croyait réussir.

Depuis ce moment-là

pendant une année tout entière

elle n’entra plus jamais

dans le lit de Zeus le subtil;

Elle ne s’assit plus jamais,

comme autrefois, sur la chaire

tout ornée de figures pour lui dire

ses profondes pensées.

Restant dans ses temples

où l’on ne cesse de prier,

elle prenait plaisir aux rites,

la souveraine Héra Yeux-de-vache.

Mais lorsque les mois

et les jours furent révolus,

lorsque l’année eut fait son tour

et que les saisons revinrent,

ce qu’elle enfanta ne ressemblait

ni au dieux ni aux mortels ;

c’était l’affreux Typhaôn,

malheur pour les mortels.

Elle le prit tout de suite,

la souveraine Héra Yeux-de-Vache,

et le donna, horreur, à une horreur

qui le reçut.

Il causait des maux sans nombre

aux fameuses tribus des hommes.

Pour la bête, qui la rencontrait

rencontrait le jour de sa mort,

jusqu’au moment où l’Archer,

le prince Apollon, lança la flèche

dure. Et saisie par les souffrances

qui la déchiraient,

la Bête se roula par terre

en haletant fortement.

Elle fit un cri prodigieux

(les mots ne le diraient pas).

Dans la forêt elle se tordit

sans cesse et en tout sens. Enfin

elle creva, crachant le sang.

Et Phoïbos Apollon la maudit :

« Pourris maintenant ici,

sur la terre qui nourrit les hommes.

Tu as fini d’être un malheur

sinistre pour les hommes

vivants. Eux, qui mangent les fruits

de la terre généreuse,

viendront ici pour le sacrifice

avec des victimes parfaites.

De la mort sans pitié personne

ne te sauvera,

ni Typhôeus, ni la Chimère

qu’il ne faut pas nommer. La terre

noire te fera pourrir ici

avec Hypérion rayonnant. »

Voila comment il la maudit.

Pour elle, l’obscur

voila ses yeux. La sainte force

du Soleil la fit pourrir

sur place. Et le lieu a nom Pythô

encore aujourd’hui. Le prince

est appelé Pythien, c’est son surnom,

car en ce lieu

la force vive du soleil

a fait pourrir le monstre.

V.300-374

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