Création le la lyre; Hymne 4, pour Hermès ; Hymnes Homériques ; Hésiode

Elle mit au monde un enfant,

plein de ruses et de séductions.

C’est un brigand, il vole le bétail,

il amène les rêves,

il est aux aguets la nuit,

il veille aux portes. Bientôt

il ferait voir des merveilles

parmi les dieux qui ne meurent pas.

Il est né à l’aurore ; dès midi

il jouait de la cithare ;

quand vint la soir il vola

les vaches d’Apollon l’Archer.

Il naquit le quatre du mois,

de Maïa la souveraine.

À peine il avait jailli

du ventre immortel de sa mère ;

déjà il ne voulait plus

rester dans le berceau sacré ;

il sauta sur ses pieds, pour aller

chercher les vaches d’Apollon ;

il franchit d’une enjambée

le seuil de la haute caverne.

Là il trouva une tortue

dont il eut mille bonheurs.

Hermès est la premier qui fabriqua

une tortue qui chante.

Il se trouva nez à nez avec elle

à la porte de la cour,

comme elle broutait la bonne herbe

juste devant la maison,

marchant à petit pas. Le bienfaiteur,

le fils de Zeus,

la vit et se mit à rire.

Et voici ce qu’il dit soudain :

« Jolie trouvaille, et bien utile,

à na pas mépriser.

Bonjour, ma jolie, ma danseuse,

allons ensemble à la fête !

C’est charmant, ce que je vois.

D’où sort ce joli jouet ?

Une coquille pleine de reflets,

une tortue des montagnes.

Je te prends, je t’emporte à la maison ;

tu vas me servir.

Mais bien sûr ! Je te respecte :

je suis le premier à t’utiliser.

Tout ramener à la maison ;

ce qui reste dehors peut se perdre.

Tu seras une amulette

contre les sortilèges qui font mal,

si tu vis. Mais si tu mourais,

que tu chanterais bien! »

Voilà ce qu’il dit, il la souleva

avec ses deux mains ;

et il entra dans la maison

en portant le joli jouet.

Alors il la retourna ;

avec un ciseau de fer pâle,

il creusa la tortue des montagnes

pour enlever la moelle.

Comme une pensée aiguë

traversa soudain le cœur

d’un homme que les soucis

ne laissent pas en paix

ou comme on voit des éclairs

passer dans un regard,

ainsi Hermès le magnifique

vit soudain quoi dire et quoi faire.

Il coupa à la juste mesure

des roseaux et les fixa

en traversant sur le sommet

l’écaille de la tortue.

Avec astuce il étendit

tout autour une peau de vache ;

il ajouta deux bras,

avec la traverse qui les joint,

puis d’un boyau de mouton il fit

sept cordes justes qu’il tendit.

Et quand il eut sans s’interrompre

fabriqué le joli jouet,

il essaya corde à corde

avec un plectre, et sous sa main

la résonance fut superbe.

Le dieu chantait à voix claire,

il improvisait, il inventait,

comme les jeunes gens

qui dans les fêtes font un concours

à qui dira la pire injure.

Il chantait Zeus le Kronide

et Maïa aux belles sandales,

comment ils se rencontrèrent,

comment l’amour les mit ensemble.

Il donnait ainsi de la gloire

à sa propre naissance.

Il fit l’éloge aussi des chambrières,

du beau palais de la nymphe,

des trépieds qu’on voyait dans les salles,

des chaudrons intarissables.

Voila ce qu’il chantait, mais dans sa tête

il avait d’autres idées.

V.13-62

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