Quand le roi des Scythes tombe malade, il convoque les trois devins les plus renommés, qui rendent leur oracle de la manière que j’ai dite (ndlr: il apportent un gros faisceaux de baguette de saule, le dénoue et font leur prédictions en les mettant les unes à coté des autres). En général, ils annoncent qu’un tel -un citoyen qu’ils nomment- a juré par le foyer royal pour appuyer un faux serment (jurer par le foyer est la formule la plus employée chez eux pour les serments solennels). Aussitôt l’homme que les devins ont déclaré coupable de parjure est arrêté; on leur amène et ils lui signifient qu’il a été convaincu par leur science d’avoir juré faussement par le foyer royal, ce qui a provoqué la maladie du roi. L’homme nie, affirme son innocence et proteste avec la dernière énergie. Devant ses dénégations le roi fait appel à d’autres devins, en nombre double. Si la science des nouveaux venus convainc également l’homme de parjure, on lui coupe la tête immédiatement et ses biens sont répartis par le sort entre les premiers devins. Si la seconde consultation est en sa faveur, on appelle d’autres devins, et d’autres encore; si la majorité le déclare innocent, la règle est alors de faire périr les premiers devins.
Voici comment on les exécute: on remplit un chariot de bois bien sec, on y atèle des bœufs, et l’on met au milieux des fagots les devins, les pieds chargés d’entraves, les mains liées derrière le dos, et bâillonnés; puis on allume les fagots et l’on chasse les bœufs en leur faisant peur. Les bœufs sont souvent brûlés avec les devins, mais souvent aussi le timon cède, rongé par les flammes, et ils s’en tirent avec quelques brûlures. On brûle les devins pour d’autres raisons encore, et toujours de cette façon, quand on les traite de faux devins. Lorsque le roi fait exécuter un homme, il frappe aussi sa famille et il fait périr tous ses enfants mâles, mais épargne les filles.
Pg 387-388
L’Enquête, Livre IV, Hérodote, Edition d’André Barguet, folio classique.
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