Il y avait aussi chez les Grecs une orthodoxie rigide et fanatique qui s’appuyait autant sur les intérêts d’un clergé orgueilleux que sur la foi d’une foule avide de rédemption. On s’en souviendrait peut-être plus si Socrate n’avait bu la coupe empoisonnée ; Aristote s’enfuit d’Athènes pour que la ville ne commît pas un second crime contre la philosophie. (La philosophie détenait dans l’antiquité le rôle qui échoit à notre époque aux sciences : Wilhelm Reich) . Protagoras dut également prendre la fuite et son livre sur les dieux fut brulé par l’état. Anaxagore fut jeté en prison et dut s’enfuir. Théodore l’ « Athée » et très probablement Diogène d’Appolonie furent persécutés comme mécréants. Et tout cela se passait à Athènes connue pour son humanisme ! Dans la perspective de la foule, n’importe quel philosophe, même le plus porté à l’idéalisme, pouvait être poursuivi pour athéisme, car l’idée que ces savants se faisaient des dieux s’écartait de la tradition imposée par le clergé.
Histoire du matérialisme de Friedrich Albert Lange
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