(ndlr:Ninurta n’arrivant pas à vaincre Anzû, il va chercher conseil auprès du très astucieux Éa)
Éa substitue une tactique rationnelle : les Vents, compagnons d’armes et soldats du dieu, seront utilisé d’emblée, selon leur nature propre, pour désemparer l’ennemi par des harcèlements, des heurts et des saccades qui obligeront Anzû, vertigineux et désiquilibré à laisser choir ses ailes : d’une part, il ne pourra plus s’envoler et se dérober au coups : d’autre part, Ninurta profitant du désarroi et de la garde baissée de son adversaire, sera plus aisément à même de les lui trancher. La douleur et la stupeur de se voir ainsi mutilé et dépouillé d’un attribut essentiel à sa nature et à son destin d’oiseau couperont la parole à Anzû, le rendant de la sorte incapable d’user de son pouvoir « magique » de commander souverainement aux choses. Ainsi sera-t-il forcément vaincu, et il ne restera plus qu’à envoyer lesdites ailes, en trophée, parmi les trésors sous clef dans le temple d’Enlil1.
Note de bas de page :
1:Marduk en fera autant pour le sang de Tiamat. On peut traduire autrement le terme clef de la phrase : au lieu de « au secret », « en annonce de bonne nouvelle », comme si l’envoi des ailes suffisait à notifier la victoire. Mais il est plus difficile ainsi le parallèle cité à l’instant (Marduk et Tiamat) ; et, d’autre part, un certain nombre de rituels exorcistiques dits « de précaution » recommandent en effet, et d’éloigner le mal le plus possible, et de le perdre en des endroits inaccessibles : il y a donc des chances que le vainqueur ait pris la même précaution en écartant au loin et « au secret » – dans le palais de son père- le sang du monstre qui, en lui revenant au corps, le remettrait en vie.
Commentaire sur l’édition récente du mythe d’Anzû, pg415-416
Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.
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