Enlèvement de Perséphone par Hadès; Hymne 2, pour Déméter ; Hymnes Homériques ; Hésiode

Je commence le chant de Déméter,

déesse de majesté,

ses cheveux sont beaux, fines les chevilles

de sa fille, qu’Aïdoneus1

a soudain prise ; et Zeus au tonnerre

y consentait, lui qui voit loin.

A distance de Déméter (qui a

un couteau d’or, des fruits superbes)

jouant avec les filles d’Océan

(que leurs seins sont beaux)

elle cueillait des fleurs,

roses, crocus et violettes aimables

(dans une prairie d’herbe douce),

flambes d’eau, jacinthes

et ce narcisse2, piège pour les filles

(elle est comme fleur nouvelle)

Zeus la voulait, terre l’a fait pour plaire

au Maître du Large Accueil1.

Merveille lumineuse ;

tous frémissaient en la voyant,

tous:dieux qui vivent à jamais,

hommes qui vont mourir.

A partir de la racine

cent têtes venaient à fleurir

et le parfum le plus doux faisait sourire la terre

et, par-dessus, le ciel immense,

et les vagues salées de la mer.

Elle soudain tressaillit3,

leva ensemble les deux mains

pour prendre ce beau jouet ;

le sol s’ouvrit, où l’on chemine.

C’était dans le plaine de Nysa ;

là bondit le Maître du Large Accueil,

sur ses chevaux immortels,

fils de Kronos (il a beaucoup de nom).

Il la prit (elle ne voulait pas)

sur son char doré

et elle pleurait ; et elle cria

à pleine voix et son cri montait,

elle appelait le Kronide son père

là-haut dans sa majesté.

Personne cependant parmi les dieux

ou parmi les hommes qui meurent

n’entendit sa voix, pas même

les Oliviers avec leurs fruits luisants.

Seule la fille de Persée,

car elle a le cœur tendre,

entendit dans sa caverne,

Hécate au bandeau magnifique,

ainsi que le prince Soleil,

noble fils d’Hypérion,

la fille qui appelait son père

le Kronide. Mais lui,assis loin de tous les dieux

dans un temple tout rempli de prières,

recevait les belles offrandes

que lui faisaient les hommes qui meurent.

C’est selon le plan de Zeus

que l’enlevait par force

le frère de son père, Maître des foules,

Maître du Large Accueil

sur ses chevaux immortels,

fils de Kronos (il a beaucoup de noms).

Tant que la déesse put voir

la terre et le ciel plein d’astres

et la mer poissonneuse

avec ses forts courants

et les rayons du soleil,

elle avait espoir de retrouver

sa mère aimante et les tribus

des dieux qui vivront toujours ;

toujours un espoir consolait

son grand cœur affligé.

Criaient les cimes des montagnes

et les gouffres de la mer

en écho à cette voix éternelle.

Et sa mère souveraine l’entendit.

Une souffrance aiguë lui prit

le cœur, le bandeau sur ses cheveux

superbes, elle le déchirait,

de ses propres mains,

sur ses épaules elle jeta

une mante bleu de nuit,

comme un oiseau elle partit

sur la terre et sur la mer,

pour cherche ; mais personne

ne consentait lui dire

la vérité, ni parmi les dieux,

ni parmi les hommes qui meurent.

Il n’était pas un seul oiseau

qui fût pour elle annoncier véridique.

1: Hadès

2: voir l’article sur Narcisse dans la rubrique symbole

3:Le verbe Grec exprime l’idée de l’effroi sacré, de ce sentiment bouleversant, émerveillement et terreur, qui s’empare d’un être humain quand il se trouve face au divin. Ce sentiment est appelé « Thambos ». Expérience fondamentale de la pensée religieuse des poètes.

v.1-46

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