Le vénérable Enki, à l’ample intelligence
lui qui connait nourriture-de-vie et breuvage-de-vie,
me rendre certainement la vie !
Et Inanna s’en fut vers le monde d’en-bas,
…………….
ouvre donc le palais, Pêtû ! Ouvre le palais :
j’y veux pénétrer en personne !
Et Pêtû, portier en chef du monde d’En-bas,
de répondre à la sainte Inanna :
« Eh bien, qui est-tu , toi ?
-Je suis la reine du ciel,
de là où le soleil se lève !
-Si tu es la reine du ciel,
de là où le soleil se lève,
pourquoi être venue au Pays-sans-retour ?
Pourquoi ton cœur t’a t-il poussée
sur le chemin que nul ne rebrousse? »
et la sainte Inanna lui repartit alors :
« C’est pour Éreškigal, ma sœur ainée,
dont l’époux, sire Gugalanna, a été tué :
pour assister aux funérailles
et prendre part aux libations rituelles!C’est vrai! »
Mais Pêtû, le portier en chef du monde d’En-bas,
répondit à la sainte Inanna ! Je vais parler à ma souveraine !
Je vais parler à ma souveraine Éreškigal! »
Pêtû, le portier en chef du monde d’En-bas,
entra donc auprès d’ Éreškigal, sa souveraine, et lui dit :
« Madame, il y a là une jeune femme
élevée comme le ciel, plantureuse comme la terre :
Elle a heurté d’un poing menaçant l’huis du monde d’En-bas
…………
Alors Éreškigal, en grand soucis, se frappa les cuisses de rage,
et se mordit les lèvres de dépit.
Elle dit à Pêtû, le portier en chef :
« Va, Pêtû, mon portier en chef du monde d’En-bas,
et n’oublie pas ce que je t’ordonne !
Tire le verrou des sept-portes du monde d’En-bas :
Ouvre l’une après l’autre
les portes du palais de Ganzer,
et lorsqu’elle y sera entrée,
qu’on amène son corps maté, dépouillé de ses vêtements! »
Pêtû, le portier en chef du monde d’En-bas,
déférant aux ordres de sa souveraine,
tira donc le verrou des sept-portes du monde d’En-bas,
et ouvrit l’une après l’autre
les portes du palais de Ganzer,
En disant à la sainte Inanna :
« Eh bien ! Inanna, entre! »
Et lorsqu’elle franchit la première porte,
on lui ôta de la tête le Turban, Couronne-de-la-steppe.
« Que signifie ? (dit-elle)
-Silence, Inanna (répondit-on) :
Les pouvoirs du monde d’En-bas sont irréprochables !
Ne proteste pas contre les rites du monde d’En-bas! »
Lorsqu’elle franchit la seconde porte,
……
(ndlr : après avoir franchi sept portes et avoir été dépouillé de ses sept pouvoirs matérialisé sous forme de vêtements, objets, bijoux,…)
Ainsi son corps maté, dépouillé de ses vêtements,
fut-il amené devant Éreškigal.
La sainte Éreškigal prit alors place sur le trône,
et les Anunna, les sept magistrats,
articulèrent devant elle leur verdict :
Elle porta sur Inanna un regard : un regard meurtrier !
Elle prononça contre elle une parole : une parole furibonde !
Elle jeta contre elle un cri : un cri de damnation !
La femme, ainsi maltraitée, fut changée en cadavre,
Et le cadavre suspendu à un clou !
La descente d’Inanna aux enfers extrait choisis v.65-169
Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.
]]>