Et moi, comme je voudrais
ne pas être l’un de ces hommes,
les cinquièmes, mais être mort
plus tôt ou né plus tard.
C’est maintenant une race de fer ;
il n’est pas de jour
où ils s’arrêteront de peiner, de souffrir ;
il n’est pas de nuit où cesseront
de les ronger les dures inquiétudes
que leur enverront les dieux.
Pour eux aussi pourtant aux maux
seront mêlés les biens.
Mais Zeus fera périr à son tour
cette race d’hommes éphémères.
À peine nouveau-nés
ils auront les tempes grises.
Pas de ressemblance su père aux enfants,
des enfants au père.
Pas d’amitié entre l’hôte et son hôte,
entre compagnon et compagnon.
Et le frère ne sera pas aimé
comme il l’était autrefois.
Ils offenseront leurs parents
dès qu’ils les verront vieillir.
Ils les insulteront,
avec des paroles mauvaises,
ne sachant pas, malheureux,
que les dieux voient. Jamais
aux parents vieillis ils ne rendront
ce qu’ils leur doivent.
Justice du poing : chacun ira mettre
à sac la ville du voisin.
Pas de respect chez eux pour le serment
pour ce qui est juste,
pour ce qui est bon ; les hommes
préféreront celui qui fait le mal
et la violence ; leur justice
sera la justice du poing.
Aucune pudeur. Le lâche fera du mal
à plus noble que lui
à coups de discours tordus,
accompagnés de serments.
L’envie sera leur compagne,
à ces hommes de malheur ;
elle a des mots hargneux, des regards
mauvais, elle aime qu’on ait mal.
C’est alors que vers l’Olympe,
loin de la terre aux grands chemins,
cachant sous des voiles blancs
la beauté de leur corps,
vers la tribu de ceux qui ne meurent pas
s’en iront, quittant les hommes,
Pudeur, Indignation. Ne resteront plus
que de triste souffrances
pour les hommes qui meurent ;
plus de recours contre le mal.
V.174-20
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