Si tu veux , c’est un autre discours
que pour toi je ferai sonner,
bellement, avec maîtrise ;
toi, range-le dans ta mémoire.
De même lieu naissent les dieux
et les hommes qui meurent.
C’est en premier une race d’or
race d’hommes éphémères
que firent les dieux qui ne meurent pas,
qui ont leur maison dans l’Olympe.
C’était du temps de Kronos,
du temps où il régnait dans le ciel.
Et ils vivaient comme les dieux ;
le cœur insouciant,
sans peine, sans douleurs ;
et la sinistre
vieillesse ne venait pas sur eux ;
bras et jambes toujours forts
ils se tenaient en joie,
les maux étaient loin.
Ils mourraient comme pris
par le sommeil ; tout pour eux était
beau ; la terre, d’elle-même
féconde, leur donnait
du fruit abondant et sans tache ;
de bon cœur, en toute paix,
ils menaient leur vie
au milieu de grand biens,
riches de troupeaux,
chers aux dieux qui ne meurent pas.
Mais lorsque la terre
eut caché cette race –
on les appelle démons purs,
qui vont de par le monde,
qui, nobles, détournent les maux,
qui protègent les hommes qui meurent ;
ils voient les jugements droits
et les méchantes actions ;
vêtus de brumes, ils errent
partout sur la terre ;
ils donnent la richesse ;
tel est leur royal privilège
V.106-126
]]>