Pour la guerre, voici l’usage qu’ils observent : tout Scythe qui tue pour la première fois boit du sang de sa victime ; aux ennemis qu’il abat dans une bataille, il coupe la tête qu’il présente au roi : s’il présente une tête, il a sa part du butin conquis ; sinon il ne reçoit rien. Voici comment on scalpe une tête : on fait une incision circulaire en contournant les oreilles, puis d’un brusque coup on détache la peau du crâne ; on la racle à l’aide d’une côte de bœuf, on l’assouplit en la maniant, après quoi on s’en sert comme d’une serviette et on l’accroche à la bride de son cheval, avec fierté, car qui en possède le plus grand nombre passe pour le plus vaillant. Beaucoup s’en font même des manteaux en les cousant ensemble, à la manière des casaques des berges. Beaucoup aussi prélèvent sur les cadavres de leur adversaires la peau de la main droite avec les ongles, pour en faire les couvercles de carquois, la peau humaine est assurément épaisse et lustrée, supérieure à toute les autres en blancheur et en éclat. Beaucoup écorchent même des hommes tout entiers et tendent les peaux sur des cadres de bois qu’ils juchent sur leur chevaux pour les exhiber à la ronde.
Pg 385-386
L’Enquête, Livre IV, Hérodote, Edition d’André Barguet, folio classique.
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