Pierre (Partie 3)- L’arbre et la pierre
Jean-Paul Roux étudiant les croyances des peuples altaïques (Roux Jean-Paul, Faune et Flore sacrée dans les sociétés Altaïques, Paris, 1966, pg 52) oppose la signification symbolique de la pierre à celle de l’arbre. Semblable à elle-même depuis que les ancêtres les plus reculés l’ont érigée ou ont, sur elle, gravé leurs messages, elle est éternelle, elle est le symbole de la vie statique, tandis que l’arbre, soumis à des cycles de vie et de mort, mais qui possède le don inouï de la perpétuelle régénération, est le symbole de la vie dynamique.
Cette pierre-principe est représentée par des pierres dressés, qui incarnent parfois l’âme des ancêtres, notamment en Afrique Noire, et dont on connait, d’autre part l’association au phallus : ce qui explique le contexte orgiaque qui fut le leur dans certains pays, notamment en Bretagne. La coutume des Mandchous qui érigeaient de gros arbres et des colonnes de pierre résume cette distinction des deux aspects archétypaux de la Vie, le statique et le dynamique, attribués par cet auteur à l’arbre et la pierre. D’un point de vue sociologique, l’hésitation et le passage alterné des peuples entre la civilisation du périssable et celle du dur – la dureté étant, bien entendu, en premier lieu celle de la pierre – peuvent être alors considérés comme le résultat d’un option entre ces deux aspects – ou qualités – complémentaires de la vie.
Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Bouquins, Robert Laffont/Jupiter, 2008.
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