Pierre (Partie 4)- Pierre de foudre et hache de pierre
Les pierres dites de foudre, et qui ne sont, pour la plupart, que des silex préhistoriques, étaient (considérées comme) la pointe même de la flèche de l’éclair, et, comme telles, elles étaient vénérées et pieusement conservées. Tout ce qui tombe des régions supérieures participe à la sacralité ouranienne ; c’est pourquoi les météorites, abondamment imprégnée du sacré sidéral, étaient honorés (Eliade Mircea, Traité d’histoire des religions, Paris, 1949, nouvelle édition, 1964, pg 58). Ces pierres, notamment en Afrique, sont associés au culte des dieux du ciel et sont parfois objets d’adoration. Les pierres de foudre, généralement des météorites, tombant du ciel comme la pluie, sont considérées comme des symboles et des instruments de la fertilité. En outre, le bétyle marque la place où Dieu est descendu…. C’est la plus ancien et la plus répandu de tous les outils humains, le symbole universel de la libération de la nature brute, et c’est pat là le symbole de l’idée de divinité…. Les pierres de foudre sont d’abord en elles-mêmes des puissances chargées d’un pouvoir magique, fétichiste, intrinsèque. Plus tard, les pointes de flèches, les haches et autres pierres, qui sont regardées comme des projectiles tombés du ciel, sont considérées comme envoyées de là-haut par un lanceur de Tonnerre ou Fulminator. Puis, des symboles faits de main d’homme à partir de ces projectiles – la hache double minoenne, l’image fourchue de l’éclair, le bidens romains, la tribula hindoue, la triaina grecque, arme de Poséïdon, qui fait trembler la terre et le Kéraunos de Zeus qui semble combiner la fourche et l’éclair avec le pouvoir à deux tranchants de la hache à deux lames – tous ces objets deviennent les symboles du Pouvoir qui fait trembler, et plus tard des attributs peints du dieu auquel est donné ce pouvoir (Alexander Hartley Burr., Le cercle du monde (The world’s rim : Great mysteries of the north american Indians), Paris, 1962, pg 75-76).
La hache de pierre polie est restée le symbole de la foudre chez les Chorti du Mexique (Girard Raphaël, Le Popol-Vuh, Histoire culturelle des Maya-Quiché, Paris, 1954, pg 27), ainsi que chez les Bambaras. Pour les Bambaras, les pierres de foudre peuvent protéger de la foudre ou, au contraire, l’attirer : suspendues au toit de la case, elles écartent la foudre ; déposées sous un abri au milieu de la brousse, elles l’attirent (Dieterlen Germaine, Essai sur la religion des Bambaras, Paris, 1951). Dans la symbolique de l’homme-microcosme, elles sont associées au crâne, donc au cerveau, domaine de la pensée (Zahan Dominique, Sociétés d’initiation Bambara, Le N’Domo, le Kore, Paris-La Haye, 1960, pg 216 sq.).
Chez les Fang du Gabon, une tradition veut que l’on place une hache ou pierre de foudre entre les jambes de la parturiente pour faciliter l’accouchement (rapporté par P. Alexandre). Chez les Yakoutes (Asie centrale) les accouchées boivent de l’eau dans laquelle on a placé des morceaux de pierre de ce genre, afin qu’elle se débarrassent facilement de l’arrière-faix. On recourt au même moyen lors d’une obstruction des voies urinaires et intestinales (Harva Uno, Les représentations religieuses des peuples altaïques, traduit de l’allemand par Jean-Jouis Perret, Paris, 1959, pg 151).
Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Bouquins, Robert Laffont/Jupiter, 2008.
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