Pierre (Partie 6)- Pierre noire et dressée; Chevalier et Gheerbrant; Dictionnaire des symboles

Pierre (Partie 6)- Pierre noire et dressée

La pierre noire de Pessinonte (en Asie Mineure), qui était l’expression concrète de la Grande Déesse Mère, Cybèle, adorée par les peuples phrygien, fut transportée à Rome au début du IIIème siècle, en grande pompe et installée sur le Palatin. Cette pierre noire symbolisait l’intronisation à Rome d’une divinité orientale, première conquête mystique d’une vague qui allait déferler et emporter les plus antiques traditions de la Cité. Cette pierre représentait et exerçait toute la force invisible mais irrésistible, d’une présence réelle.

Chez les Omaha (Indiens de la prairie) une pierre noire représente le tonnerre, tout comme un galet translucide est le symbole de la puissance de l’eau (Alexander Hartley Burr., Le cercle du monde (The world’s rim : Great mysteries of the north american Indians), Paris, 1962, pg 76).

La pierre dressée, qu’elle soit le linga indien ou le menhir breton est un symbole universel. C’est selon des rites analogues que les Indiennes et les Bretonnes viennent chercher auprès d’elle la guérison de leur stérilité. Cette acception de la pierre est bien proche de celle des grands arbres sacrés, eux aussi phalliques. Auprès des uns comme des autres, les rites de fécondité utilisent dans la même chaîne symbolique lunaire la pierre de foudre (hache néolithique) et le serpent (voir Boulnois J., Le caducée et la symbolique dravidienne indoméditerranéenne, de l’arbre, de la pierre, du serpent et de la déesse-mère, Paris, 1939 et Hentze G., Mythes et symboles lunaires, Anvers, 1932). Le jour le plus propices aux visites, qui sont accompagnées d’offrandes de lait, de beurre, etc, à ces pierres, est en effet le lundi, jour de la lune ou le Vendredi, jour de Vénus.

Les Bretonnes, écrit J. Boulnois, se frottaient le ventre avec la poussière ramassée sur la roche du dolmen ou du menhir, mais aussi avec de l’eau qui peut être retenue dans les anfractuosités de la pierre (Boulnois J., Le caducée et la symbolique dravidienne indoméditerranéenne, de l’arbre, de la pierre, du serpent et de la déesse-mère, Paris, 1939, pg 123). Le dolmen est considéré comme l’habitation des ancêtres qui le fécondent. Pour la masse des dravidiens, ajoute cet auteur, la pierre comme l’arbre ou l’eau est un fixateur d’esprits bon ou mauvais. D’où l’utilisation thérapeutique des pierres qui posées sur la tête du malade, extirpent de son corps l’esprit de la fièvre. D’où aussi la coutume dravidienne (ibid., pg 13) de jeter une pierre sur le chemin, derrière soi, en revenant d’une cérémonie funéraire, pour arrêter l’esprit du mort, s’il voulait revenir.

Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Bouquins, Robert Laffont/Jupiter, 2008.

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