Prémices de la Titanomachie, naissance de Pandôra, Prométhée et Zeus; Hésiode; Théogonie

Voici ce que dit, hors de lui,

Zeus Maître-des-Nuages :

« Fils de Iapétos1, toi qui en sais

plus long que quiconque,

mon bon ami, tu t’es bien rappelé

ton astuce perverse. »

Ainsi parla Zeus en sa colère

(ses projets ne sont pas vains)

Depuis ce temps, et pour toujours,

il garda cette ruse en mémoire.

Il ne lançait plus sur les frênes

la fureur du feu qui ne faiblit pas

pour que s’en servent les hommes qui meurent

habitants de la terre.

Mais le vaillant fils de Iapétos

sut le tromper ; il vola

la lumière – on la voit de loin-

du feu qui ne faiblit pas,

en la cachant dans un roseau.

Zeus Tonnerre-très-haut

au fond du cœur sentit une morsure

et son cœur fut plein de bile,

quand il vit parmi les hommes

la lumière du feu – on la voit de loin.

Alors, en échange du feu,

il fabriqua pour les hommes un mal.

Celui-qui-boite – on le connaît bien-

façonna de la terre en forme de fille timide

comme le Kronide le voulait.

Athéna Yeux-de-Chouette

lui donna une ceinture

et une robe d’argent. Sur la tête

elle plaça de ses mains

un voile richement brodé,

merveilleux à regarder,

avec des couronnes,

fleurs cueillies dans une prairie fraîche,

charmantes fleurs que sur sa tête

plaça Pallas Athéna.

Et sur sa tête elle posa

un diadème d’or

que Celui-qui-boite avait fait

lui-même – on le connaît bien-

travail de ses mains pour faire

plaisir à Zeus le père2.

On voyait là beaucoup de détails ciselés,

merveilleux à regarder,

beaucoup d’animaux, de ceux que font vivre

la terre ou la mer ;

il en avait mis des foules,

-lumineuse beauté-,

merveilles de merveilles,

on aurait dit qu’ils avaient une voix.

Lorsque Zeus eut fabriqué ce beau mal,

mal, et non bien,

il l’amena au lieu où se trouvaient

hommes et dieux,

dans la parure donnée par Yeux-de-chouette,

fille d’un père puissant.

Stupeur des dieux qui ne meurent pas

et des hommes qui meurent,

quand ils virent ce piège effroyable,

trop subtil pour les hommes.

C’est de celle -là que vient la lignée

des femmes qui sont femmes.

D’elle vient la lignée pernicieuse,

la tribu des femmes,

qui vivent comme une peste,

avec les hommes qui meurent,

toujours près d’eux quand règne l’abondance,

jamais quand mort la misère.

C’est ainsi que, dans le creux

où sont les essaims, les abeilles

nourrissent les faux bourdons,

modèles de méchanceté.

Elles, tout au long du jour

et jusqu’au coucher du soleil,

tout le jour elles se dépêchent,

fabriquent la cire blanche.

Eux restent à l’intérieur

dans les ruches bien couvertes

et mettent le travail d’autrui

à l’abri dans leur propre bedaine.

Voilà exactement la peste

que Zeus Tonnerre-très-haut

a donné aux hommes qui meurent :

modèle d’abomination,

les femmes. Il leur donna un beau mal,

mal, et non bien.

1:Prométhée

2:Pandôra signifie « tous les dons » ou « dons de «tous »

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