Mais lorsqu’Enlil-le-preux aperçut le bateau
il fut remplie de rage envers les Igigu, et s’exclama :
« Nous autres tous, les grands Anunnaku,
nous avions résolu ensemble de prêter serment.
D’où vient, alors, qu’un être vivant
ait échappé à la destruction ?
Comment un homme a-t-il survécu au carnage? »
Anu ouvrit la bouche
Et s’adressa à Enlil-le-preux :
« Qui donc, à part Enki,
aurait pu faire cela ?
Pour moi, je n’ai pas révélé notre propos! »
Mais enki ouvrit la bouche
et s’adressa aux grands-dieux :
« Oui ! J’ai fait cela, contre votre volonté à tous !
J’ai sauvé un être vivant ….
…..
Calme-toi ; Ô Enlil….,
La peine de ton choix, c’est au vrai coupable que tu devais l’infliger,
à quiconque avait fait fi de tes ordres! »
………
« Ils ont eu beau décider,
moi je me suis apaisé l’âme! »
Enlil ouvrit la bouche
Et s’adressa à Enki-le-prince :
« Bon ! Appelle Nintu-la -matrice,
et réfléchissez tous deux dans l’assemblée! »
Enki ouvrit alors la bouche
et s’adressa à Nintu-la-matrice :
« Ô divine matrice, toi qui arrêtes les destins,µ
impose dons aux hommes la mort
….
En sus, triple loi à appliquer aux hommes :
chez eux, outre la femme féconde,
il y aura des infécondes ;
Chez eux sévira la Démone-éteigneuse,
Pour ravir les bébés
aux genoux de leurs mères ;
institue-leur pareillement des femmes consacrées :
Ugbatu, entu, Igisîtu,
avec leur interdit particulier
pour leur défendre d’être mère !
Le poème d’Atrahasîs, ou de Supersage, tablette VI, v.5-48, tablette VII, v.1-8
Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.
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