Je ne puis m’appuyer, pour décrire la lutte à mort entre la vie non cuirassée et la vie cuirassée, que sur mes expériences personnelles et mes observations de médecin au contact de mes malades. Dans ce domaine les limites entre la biologie au sens étroit du terme et la sociologie s’effacent. L’existence sociale de l’homme n’est qu’une mauvaise variante de son existence naturelle. C’est à la lumière de la vie harmonieuse qu’apparaîtra la face grimaçante de la peste émotionnelle dans la vie sociale. Pour prendre du champ et gagner une meilleure vue d’ensemble, nous transcenderons notre existence mentale en tant qu’être et l’envisagerons dans la perspective de la vie dans l’homme. Nous mesurerons la grande tragédie qui s’est abattue sur l’animal humain quand il a décrété que le vivant était son pire ennemi. Chemin faisant, nous ferons nous même l’expérience de sa haine de la vie. Comme nous examinerons le domaine social dans la perspective de la matière vivante, nous serons capables de condamner non pas l’homme pestiféré, mais les circonstances qui l’ont dénaturé jusqu’à en faire le plus malfaisant de tous les animaux.
La sensation d’organe : instrument d’étude de la nature, pg 104-105
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