Il fut pourtant le champ d’essai des existences, ce monde – l’espace des mutations – et ces empires étaient ceux de la prospérité. Les histoires sont là qui le racontent, dans toutes les langues qu’on ne parle plus mais qui nous parlent, elles, et nous rappellent notre origine et le sens de notre passage. A condition qu’on en soit digne. Et qu’on soit prêt.
Il va de soi que l’homme moderne, l’homme logique, néglige totalement ce point de vue. Il cherche ailleurs des réponses concordant mieux à l’immédiateté de ses questions. Ses besognes techniques ne dépassent jamais les parois d’une sphère dont l’étanchéité est absolue. Pour lui, les écrits sacrés sont des contes, des mythes, des légendes. Des récits fabuleux en somme ; et rien de plus. S’il évoque parfois le symbolisme, c’est dans la plus parfaite ignorance de son message. Quoi d’étonnant à cela : le symbole, cet ultime instrument de la connaissance, qu’a-t-il de commun avec l’outil grossier de l’investigation rationnelle ? La raison n’a pas d’yeux pour la vérité ; elle n’envisage que les preuves, lesquelles sont invariablement soumises aux limitations d’un système. Or la vérité n’obéit à aucun système. Cependant, les maîtres du moment, ces infirmes, ces avortons parmi les générations, voudraient faire de la logique la mesure universelle !
pg XIV
Extrait de la préface du Râmâyana.
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