Rencontre avec les fille de Kéléïos; Hymne 2, pour Déméter ; Hymnes Homériques ; Hésiode

Celles qui la virent furent les filles

de Kéléïos roi d’Éleusis.

Elles venaient chercher l’eau claire

pour la rapporter

avec des aiguières de bronze

dans la maison de leur père.

Elles étaient quatre, comme des déesses,

dans leur fleur de filles,

Kallidikè, Kleïsidikè,

Dèmô la jolie,

et Kallithoè qui de toutes

est la plus grande.

Sans la reconnaître (il est difficile

pour ceux qui meurent de voir les dieux)

debout près d’elle, elles lui dirent

ces paroles qui ont des ailes :

« D’où viens-tu, vieille ?

De quelle famille es-tu ?

Pourquoi restes-tu là, loin de la ville,

sans t’approcher

des maisons ? Il y a là-bas des femmes

dans l’ombre des salles

qui ont le même âge que toi,

Il y en a des plus jeunes

qui auraient pour toi de bonnes paroles

et des gestes d’accueil. »

Voilà ce qu’elles dirent ;

la déesse souveraine répondit :

« Chères enfants, qui que vous soyez

parmi les femmes qui sont femmes,

la joie soit avec vous. Je vais vous parler.

Il n’est pas malvenu que je réponde à vos questions

en disant la vérité.

Dôs est mon nom ; c’est celui

que m’a donné ma mère et souveraine.

Et maintenant j’arrive de la Crête

sur le large dos de la mer.

Je ne l’ai pas voulu. On m’a forcée

par violence, malgré moi,

des pirates m’ont emmenée.

Plus tard, leur bateau qui va vite

s’est arrêté à Thorikos1 ;

là sont montées en foule

des femmes de la terre ferme ;

quant à eux, ils avaient

préparés un repas près des amarres

du côté de la poupe.

Mais moi, cette nourriture alléchante

ma levait le cœur ;

sans être vue je suis partie

à travers la terre obscure ;

j’ai fui ces gens qui me donnaient des ordres

arrogants, et qui voulaient

alors qu’ils m’avaient eue pour rien

tirer de moi un bon prix.

Voilà comment je suis venue ici ;

j’ai erré ; je ne sais pas

comment s’appellent ce pays

et ceux qui l’habitent.

Mais, pour vous, que tous ceux qui ont

leur maison dans l’Olympe

vous donnent d’avoir de bons maris

et d’enfanter des enfants

comme en veulent tous les parents.

Et, pour moi, mes filles

que votre cœur ait pitié de moi.

Où vais-je aller, mes enfants,

chez quel homme ou chez quelle femme,

pour y travailler

de bon cœur, pour y faire

ce que fait la femme vieillie ?

Je pourrais prendre dans mes bras un petit enfançon,

je pourrais m’en occuper,

je tiendrais la maison,

au fond de la plus belle chambre

je ferais le lit

pour les maîtres, et je montrerais

aux femmes leur ouvrage. »

Ainsi dit la déesse. Tout de suite

la fille toujours fille,

Kallidikè, la plus belle des enfants

de Kéléïos, lui répondit :

« Grand- mère, ce que les dieux nous donnent,

même sans joie, il faut

l’accepter. Nous sommes humains ;

ils sont plus fort que nous.

Mais maintenant je vais te dire

clairement avec leur nom,

qui sont les hommes qui sont ici

les plus respectés,

qui sont à la tête du peuple

et qui gardent notre ville

avec ses créneaux par leurs conseils

et la rigueur de leurs sentences.

Il y a Triptolémos le très sage

et Dioklès

et Polyxénos

et Eumolpos l’irréprochable

et Dolikhos

et notre père (il est plein de vaillance)

chacun d’eux à une femme

qui veille sur tout dans la maison.

Il n’est pas une parmi elles

qui pourrait, t’ayant vue,

nier que tu aies grande allure,

et te refuser l’entrée.

Toutes te recevront.

Car tu ressembles à une déesse.

Si tu le veux, reste ici,

le temps que nous allions à la maison

de notre père et racontions

tout cela de bout en bout

à notre mère Métaneïra

(ample est son giron) ; peut-être

te voudra-t-elle chez nous

sans que tu t’adresses ailleurs.

Elle a un fils qu’elle aime plus que tout

dans son beau palais ;

c’est un enfant tard venu,

longtemps attendu, reçu dans la joie.

Tu pourrais te charger de l’élever,

et s’il atteint l’âge d’homme,

tu provoqueras bien de l’envie

chez les femmes qui sont femmes ;

elles verront la récompense

magnifique que tu auras. »

Voila ce qu’elle dit ; de la tête,

la déesse approuva. Les filles

remplirent d’eau leurs jarres luisantes

et s’en allèrent, joyeuses,

à la grande maison de leur père.

Tout de suite à leur mère,

ce qu’elle avaient vu, elles le dirent,

et entendu. Tout de suite

elle leur dit de la faire venir

pour un beau salaire.

Comme des biches, comme

des jeunes vaches au printemps

qui sautent dans la prairie,

la panse pleine de bonne herbe,

ainsi, tout en retenant les plis

de leur robe jolie,

elles allaient dans les ornières

de la route ; et leur cheveux

flottaient sur leurs épaules,

pareils à des fleurs de safran.

Sur le bord de la route elles trouvèrent

la bonne déesse, juste là

où elles l’avaient laissée.

Elles l’emmenèrent à la maison

de leur père. Pour elle, elle allait derrière,

le cœur en peine ;

elle marchait, la tête voilée.

Une robe noire

flottait autour des jambes sveltes

de la déesse.

1:Thorikos est près du cap Sounion, donc non loin d’Athènes

v.105-183

]]>

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.