Gilgameš
ouvrit la bouche
et s’adressa
à Enkidu
« Qui donc, ô mon ami,
peut grimper jusqu’au ciel ?
Seuls les dieux y demeurent,
en compagnie de Šamaš, à jamais !
Les hommes, eux,
ont leur jours comptés :
Tout ce qu’ils font
n’est que du vent !
Toi-même, ici présent,
si tu crains de mourir
qu’est devenu
ton courage ?
Je vais donc
partir devant toi :
contente-toi de me crier :
« Sus, n’aie pas peur! »
Si je succombe,
du moins me serais-je fait un nom !
Gilgameš -dira-t-on-
contre Huwawa-le-féroce
a engagé la lutte !
Toi, né et élevé
dans la steppe
toi que les lions ont assailli,
tu dois comprendre tout cela !
Tablette de Yale, v.139-152
L’épopée de Gilgameš, Le grand homme qui ne voulait pas mourir, traduit de l’akkadien par Jean Bottéro, l’aube des peuples, Gallimard
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