Qu’as-tu gagné
à te perturber de la sorte ?
A te bouleverser,
tu t’es seulement épuisé,
saturant tes muscles
de lassitude
Et rapprochant
ta fin lointaine !
Comme un roseau de la cannaie,
l’humanité doit être brisée !
Le meilleur des jeunes hommes,
la meilleure des jeunes femmes,
sont enlevés
par la main de la mort,
la Mort
que personne n’a vue,
dont nul n’a aperçu
le visage,
Ni entendu
la voix :
La mort cruelle,
qui brise les hommes !
Bâtissons-nous des maisons
pour toujours ?
Scellons-nous des engagements
pour toujours ?
Partage-t-on un patrimoine
pour toujours ?
Le fleuve monte-t-il en crue
pour toujours ?
Tels des éphémères
emportés au courant,
de visages
qui voyaient le soleil,
tout à coup,
il ne reste plus rien !
Endormi et mort,
c’est tout un !
On n’a jamais reproduit
l’image de la mort :
et pourtant l’homme depuis ses origines
en est prisonnier.
Tablette X, colonne VI, v 6-27 ; L’arrivée au but
L’épopée de Gilgameš, Le grand homme qui ne voulait pas mourir, traduit de l’akkadien par Jean Bottéro, l’aube des peuples, Gallimard
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