En se nourrissant d’aliments déjà chargés de ces produits l’être humain accumule en effet, dans ses graisses, des proportions non négligeables de ces corps. Lors d’une récente étude menée par le World Wildlife Found (WWF) sur des prélèvements de sang effectués chez des ministres de l’Environnement de l’union européenne, mais aussi chez des parlementaires européens, il apparut que ces échantillons contenaient tous des dizaines, voire plus de cent pesticides différents ! Ainsi sommes-nous tous déjà contaminés. Plus inquiétant encore est le transfert de ces molécules de la mère à son fœtus par le cordon ombilical, de sorte que le nouveau-né est touché dès sa naissance, et continuera de l’être ensuite, si des mesures draconiennes ne sont pas mises en œuvre pour restreindre les usages beaucoup trop généreux de ces produits. Mais les mères contaminent aussi les nouveau-nés par leur lait. Bien inconsciemment, une maman se décharge ainsi des pesticides que son corps a accumulé sur son fœtus, à la fois par le cordon et l’allaitement. L’homme, pour sa part, ne dispose pas de ces moyens de déplétion et accumule toute sa vie, sans retour. Les conséquences de cette accumulation de pesticides dans le corps humain ont été démontrée de façon spectaculaire par le médecin danois Niels Skakkebaek1 en 1992. Il révèle un constat proprement hallucinant : au Danemark, la quantité moyenne de spermatozoïdes dans le sperme humain aurait décliné de 50 % entre 1958 et 1990, tandis que le taux de cancers testiculaires y aurait triplé entre 1940 et 1980. Prise de court, la communauté scientifique s’est d’abord cabrée, suspectant une erreur ; mais ces résultats furent confirmés trois ans plus tard par l’équipe d’un chercheur français, le professeur Auger, sur une population masculine parisienne.
1 : E. Carlsen, A.Giwerceman, N. Keiding, N. Skakkebaek, Evidence for decreasing quality of semen during past 50 years, British Medical Journal, 305, 1992, pp.609-613
Pg 25-26
Les pesticides et l’Homme ; Jean-Marie Pelt ; Fayard ; 2012
]]>