Le principe de l'Ahimsâ-3; Autobiographie; Gandhi.

Pour voir face à face, dans son universalité et son imprégnation de toutes choses, l’Esprit de Vérité, il faut être en mesure d’aimer comme soi-même la plus chétive des créatures. Et qui aspire à cela, ne peut se permettre de s’exclure d’aucun domaine où se manifeste la vie. C’est pourquoi mon dévouement à la vérité m’a entraîné dans le champ de la politique ; et je puis dire sans la moindre hésitation, mais aussi en toute humilité, que ceux-là n’entendent rien à la religion, qui prétendent que la religion n’a rien de commun avec la politique.

On ne saurait s’identifier avec tout ce qui vit sans pratiquer la purification de soi ; sans cette dernière, l’observance de la loi d’ahimsâ ne sera jamais que rêve vide de sens ; qui n’a le coeur pur, n’atteindra jamais à Dieu. Il s’ensuit que purification de soi signifie purification à tous les stades, dans tous les domaines de la vie. Rien n’est plus contagieux que la purification ; la purification de soi conduit donc nécessairement à la purification de ce qui est autour de soi.

Mais le chemin de la purification de soi est âpre et raide. Pour atteindre à la pureté parfaite, il faut libérer de toute passion la pensée, la parole et l’acte, surplomber les courants contraire de la haine et de l’amour, de la répulsion et de l’attachement. Je sais que je suis encore loin de posséder, en dépit des combats que je livre sans trêve pour y arriver. Voila pourquoi le monde peut bien me louer : je ne saurais m’en émouvoir ; en fait, la louange m’est souvent une piqûre cuisante. La conquête des passions subtiles me paraît entreprise infiniment plus dure que la conquête physique du monde par des armes. Depuis mon retour aux Indes, pas un instant je n’ai cessé de vérifier la persistance, au tréfonds de moi-même, des passions dormantes et latentes. La conscience que j’en ai, m’a pénétré d’un sentiment d’humiliation, mais non de défaite. L’expérience, les expériences, m’ont soutenu et donné de grandes joies. Mais je sais qu’il me faudra encore passer par un chemin ardu qui s’étend devant moi. Il me faudra me réduire à néant.

Pg 645-646

Adieu au lecteur; Autobiographie ou mes expériences de vérité; Mohandas Karamchand Gandhi; puf; 2007

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