L’inquiétude face à ce risque d’effondrement prend aujourd’hui une ampleur croissante. De fait, il s’est déjà produit pour la Somalie, le Rwanda ainsi que pour d’autres pays du Tiers-Monde. Nombreux sont ceux qui pensent que, pour la société mondiale, l’écocide est aujourd’hui une des plus grande menace que la guerre nucléaire ou les nouvelles épidémies. Les problèmes environnementaux que nous devons affronter aujourd’hui sont identiques aux huit problèmes qui ont causé la perte des sociétés anciennes mais quatre nouveaux s’y ajoutent : les changements climatiques causés par l’homme ; l’émission des produits chimiques toxiques dans l’environnement ; les pénuries d’énergie et l’utilisation humaine maximale de la capacité photosynthétique de la terre. La plupart de ces douze menaces, dit-on, vont mettre le monde dans une situation critique au cours des quelques prochaines décénnies : si nous n’apportons pas d’ici là un remède à ces problèmes, ils causeront la perte de pays comme la Somalie, mais aussi celle d’autres pays développés. Sans envisager un scénario de fin du monde impliquant l’extinction de l’espèce humaine ou un effondrement apocalyptique de la société industrielle, il nous faut « seulement » prévoir un avenir caractérisé par une baisse significative du niveau de vie, de plus grands risques chroniques et la disparition de valeurs que nous considérons actuellement comme fondamentales. Un tel effondrement pourrait revêtir différentes formes, comme la propagation de maladies ou de guerres à l’ensemble du monde, engendrées par l’insuffisance de ressources naturelles. Si ce raisonnement est exact, ce sont donc les efforts que nous accomplirons aujourd’hui qui détermineront l’état du monde dans lequel la génération actuelle d’enfants et de jeunes adultes vivront leurs années de maturité et de vieillesse.
Pg 19-20
Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006
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