Les parallèles que l’on peut établir entre l’île de Pâques et l’ensemble du monde moderne sont d’une dramatique évidence. En raison de la mondialisation, du commerce international, des vols internationaux et d’internet, tous les pays du monde partagent aujourd’hui les ressources et interagissent, tout comme le faisait la douzaine de clans de l’île de Pâques. L’île Polynésienne était tout aussi isolée dans l’océan pacifique que la terre l’est aujourd’hui dans l’espace. Lorsque les Pascuans étaient dans une situation critique, ils n’avaient nulle part où aller, ni personne vers qui se tourner pour obtenir de l’aide, tels nous autres, Terriens contemporains qui n’auront non plus nul recours extérieur si nos problèmes s’aggravent. Voilà pourquoi l’effondrement de la société de l’île de Pâques est comme une métaphore, un scénario du pire, une vision de ce qui nous guette peut-être. Une métaphore assurément imparfaite. Notre situation actuelle diffère par bien des points de celle des Pascuans du XVIIeme siècle. Certaines de ces différences accroissent le danger qui nous menace : par exemple, si quelque milliers de Pascuans qui ne disposaient que d’outils de pierre et de leur propre force musculaire parvinrent à détruire leur environnement et donc à détruire leur société, que dire aujourd’hui des milliards d’individus dotés d’outils métalliques et de machines sinon qu’ils ne pourraient que faire pire. Mais d’autres différences jouent également en notre faveur.
Pg184-185
Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006
]]>