Ces causes immédiates d’abandon d’un site présentaient une relative variété, mais tous ces peuples eurent finalement à relever le même défi : vivre dans des environnements fragiles et difficiles ; adopter des solutions qui se révélèrent efficaces et dont on pouvait comprendre le fondement à « court terme », mais qui toutes, à long terme, échouèrent ou se révélèrent fatales, lorsque ces peuples furent confrontés à des changements environnementaux suite à des causes extérieures ou à des changements environnementaux entraînés par l’action de l’homme – causes et changements que des société sans écritures ni archives, ni archéologues n’étaient pas en mesure d’anticiper. « À court terme » écris-je, entre guillemets, car les Anasazis survécurent au Chaco Canyon pendant quelques six cents ans, ce qui représente une période bien supérieure à n’importe quelle occupation humaine européenne en n’importe quel lieu du Nouveau Monde depuis le débarquement de Christophe Colomb en 1492. Au cours de leur existence, ces Amérindiens du Sud-ouest expérimentèrent une demi-douzaine de modèles économiques, il fallut plusieurs siècles pour que se confirme que, de toutes, seule l’économie des Pueblos pouvait être maintenue « sur le long terme », c’est-à-dire pendant au moins un millier d’années. Voilà qui devrait contribuer à convaincre le monde contemporain que les sociétés sont mortelles.
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Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006
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