Prochain défi de la Nouvelle-Gunée : la croissance démographique; Effondrement ; Jared Diamond

Après avoir résolu le problème de la pénurie de bois et celui de la fertilité des sols, les Néo-Guinéens se retrouvèrent confrontés au problème de la croissance démographique. Cette augmentation de la population fut endiguée par des pratiques qui étaient toujours en application à l’époque où bon nombre de mes amis néo-guinéens étaient encore enfants : la guerre, l’infanticide, l’utilisation des plantes de la forêt dans un but contraceptif ou abortif, l’abstinence sexuelle et le recours à l’aménorrhée lactationnelle1 comme méthode de régulation de la fécondité. Les civilisations Néo-guinéenes évitèrent ainsi de subir les doubles conséquences fatales de la déforestation et de la croissance démographique, qui frappèrent les Pascuans, les Mangaréviens, les Mayas, les Anasazis et bien d’autres encore. Les habitants des hautes terres survécurent ainsi pendant des dizaines de milliers d’années avant l’apparition de l’agriculture, puis après l’apparition de celle-ci, survécurent encore dix mille ans en dépit des changements climatiques et des effets de l’activité humaine sur l’environnement qui modifiaient sans cesse leur conditions d’existence. Aujourd’hui, les Néo-Guinéens doivent affronter une nouvelle explosion démographique due au succès des opérations de santé publique prises par les gouvernements, à l’introduction de nouvelles cultures et à la régression ou à la cessation des conflits inter-tribaux. Le contrôle des naissances par l’infanticide n’est désormais plus envisagé comme une solution acceptable pour la société. Mais les Néo-Guinéens se sont déjà, dans le passé, adaptés à des mutations d’une importance aussi considérable que l’extinction de la mégafaune du Pléistocène, la fonte des glaces et le réchauffement climatique qui marquèrent la fin des ères glaciaires, le développement de l’agriculture, la déforestation massive, le tephra volcanique, le cyclone El Niňo, l’introduction de la patate douce et l’arrivée des Européens. Seront-ils également capables de s’adapter aux nouvelles conditions liées à l’explosion démographique qu’il connaissent actuellement ? 1:Méthode protectrice contre les grossesses imprévues. Elle est effective lorsque trois critères sont remplis : -aménorrhée (absence de règles) -allaitement au sein exclusif ou quasi exclusif -moins de six mois après l’accouchement Cette méthode existe depuis la nuit des temps, les bases scientifiques des conditions à remplir ont ont été officiellement édictées en occident en 1988 à Bellagio en Italie. (Mémoire CREFAM-2009-I. Steffan ; La MAMA est-elle adaptée aux habitudes françaises?) D’après Jean-Pierre Bocquet-Appel, « Lorsque les chasseurs-collecteurs nomades se déplacent, les femmes portent les enfants qui sont souvent en contact avec le sein maternel et peuvent téter à tout moment. Or, l’allaitement retarde la reprise du cycle menstruel après la naissance d’un enfant. La fécondité des femmes nomades est donc faible. En revanche, chez les peuples sédentaires, les femmes posent leurs enfants et les allaitent moins longtemps. Leur fertilité est bien plus importante et peut atteindre huit à douze enfants en moyenne ». (Journal du CNRS n°194 -mars 2006). Pg467-468 Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006]]>

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