Tikopia, île tropicale minuscule et isolée du sud-ouest de l’océan pacifique, illustre elle aussi la réussite de la gestion des problèmes par le bas. Sur une surface totale de quatre kilomètres et demi, elle accueille une population de mille deux cents habitants. Sa densité de population est donc de trois cents habitants par kilomètre carré de terre cultivables. C’est un chiffre important pour une société traditionnelle qui ne bénéficie pas des techniques agricoles modernes. Néanmoins, l’île est occupée depuis presque trois mille ans. …. Il était inenvisageable de pouvoir importer des produits alimentaires de base dans des quantités qui auraient significativement contribué à la subsistance des Tikopiens (ndlr :en raison de la taille des pirogues et de la rareté des voyages). Ceux-ci devaient notamment produire et mettre en réserve suffisamment de surplus alimentaires pour éviter la famine pendant la saison sèche annuelle, de mai à juin, et après le passage de cyclones qui, à intervalles imprévisibles, détruisaient les jardins. (Tikopia étant situé dans la principale frange cyclonique du Pacifique, où se produisent en moyenne vingt cyclones par décennie.) C’est pourquoi, depuis trois mille ans, les habitants de Tikopia doivent, s’ils veulent survivre, produire de façon sûre des réserves de nourriture suffisantes pour mille deux cents habitants et prévenir la croissance de la population pour qu’elle ne dépasse pas le niveau de subsistance. ………. La quasi-totalité de l’île est microgérée pour pouvoir produire en continu des quantités suffisantes de produits alimentaires, sans avoir recours au système de culture sur brûlis qui prédomine dans de nombreuses autres îles du Pacifique. Extraits Pg468, 470-471, 472 Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006]]>