À long terme, c’est le public, indirectement ou par le biais des hommes politiques qui a le pouvoir de rendre des politiques destructrices pour l’environnement non profitables pour les entreprises et illégales et de faire, au contraire, des politiques favorables à l’environnement des sources de profits nouveaux. Il peut y parvenir en poursuivant en justice les entreprises qui ont abîmé un écosystème et son habitat, comme cela s’est produit après les catastrophes de l’Exxon Valdez, de Piper Alpha et de Bophal ; en préférant acheter des produits collectés de façon durable, préférence qui a attiré l’attention de Home Depot et d’Unilever ; en incitant les employés d’entreprises aux produits de mauvaise traçabilité à faire pression sur leur direction ; en préférant que les gouvernements passent des contrats avec des entreprises veillant à l’environnement, comme le gouvernement Norvégien avec Chevron ; en faisant pression sur les gouvernements pour qu’ils promulguent et fassent respecter des lois et des réglementations exigeant de bonnes pratiques en matière d’environnement, comme les réglementations nouvelles pour le charbon aux États-Unis dans les années 1970 et 1980. En retour, les grandes entreprises peuvent exercer des pressions fortes sur leurs fournisseurs qui ignoreraient les pressions du public ou du gouvernement. Par exemple, lorsque l’opinion américaine s’est inquiétée de la diffusion de la maladie de la vache folle et que la Food and Drugs Administration a introduit des règles exigeant que l’industrie de la viande abandonne les pratiques associées au risque de diffusion, les conditionneurs de viande ont résisté pendant cinq ans, prétendant qu’il était trop coûteux de suivre les règles. Mais lorsque McDonald’s a formulé les mêmes demandes, après que ses ventes de hamburgers ont chuté, l’industrie de la viande s’y est prêtée au bout de quelques semaines : « parce que nous sommes le plus gros chariot au monde » a expliqué » un représentant de McDonald’s. La tâche des consommateurs est d’identifier quels liens de la chaîne de distribution sont sensibles à leur pression : par exemple McDonalds, Home Depot et Tiffany, mais pas les conditionneurs de viande, les financiers ou les mines d’or. Pg735-736 Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006]]>