Si l’on demande à un écologiste universitaire spécialiste de son domaine et néophyte en politique internationale d’indiquer les pays étranger confrontés aux pires problèmes de pression sur l’environnement, ou de surpopulation, voire aux deux, il répondra : « L’Afghanistan, le Bangladesh, le Burundi, Haïti, l’Indonésie, l’Irak, Madagascar, la Mongolie, le Népal, le Pakistan, les Philippines, le Rwanda, les îles Salomon et la Somalie, et d’autres encore. » Si l’on demande à un homme politique du Premier Monde, néophyte en problème environnementaux et démographique, de désigner les points chauds les plus préoccupant du monde (effondrement des régimes, guerre civiles, tourisme, migration forcées, nécessité d’aide internationale, militaire ou civile), il nommera : « L’Afghanistan, le Bangladesh, le Burundi, Haïti, l’Indonésie, l’Irak, Madagascar, la Mongolie, le Népal, le Pakistan, les Philippines, le Rwanda, les îles Salomon et la Somalie, et d’autres encore ». Les réponses sont très similaires. Le lien entre elles est évident : ce sont les problèmes des Mayas, des Anasazis et des habitants de l’île de Pâques qui jouent dans le monde contemporain. Aujourd’hui comme par le passé, les pays qui subissent une pression environnementale ou démographique, ou les deux, sont menacés d’avoir à subir une pression politique et de voir leur gouvernement s’effondrer. Des populations désespérées, mal nourries, sans espoir, se retourne contre leur gouvernement, s’efforcent à tout prix d’émigrer, se battent pour des bouts de terre, mènent des guerres civiles, persuadées qu’elles n’ont plus rien à perdre. On sait ce qu’il en résulte : des génocides (Bangladesh, Burundi, Indonésie et Rwanda) ; des guerres civiles ou des révolutions (dans la plupart des pays figurant sur ces deux listes) ; des appels au déploiement de troupes venues du Premier Monde (Afghanistan, Haïti, Indonésie, Irak, Philippines, Rwanda, îles Salomon et Somalie) ; l’effondrement du gouvernement central (Somalie et îles Salomon) ; la misère inexorable (dans tous les pays figurant sur ces deux listes). Les meilleurs signes avant-coureurs de « l’échec des États » contemporains s’avèrent liés à la pression environnementale et démographique (mortalité infantile élevée, croissance démographique rapide, pourcentage élevé d’habitants de moins de trente ans, très fort chômage des jeunes sans perspective, tout prêts à être recrutés dans des milices). Ces pressions créent des conflits liés à la pénurie de terre (comme au Rwanda), d’eau, de forêts, de poisson, d’essence et de minéraux, enclenchent des conflits internes chroniques, des vagues d’émigration de réfugiés politiques et économiques, voire des guerres de dissuasion entre pays voisins. Pg779-780 Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006]]>