La conception que se faisaient les grecs du blé comme femme et comme mère se retrouve chez les populations traditionnelles de l’Europe septentrionale. Un personnage féminin, la Mère du blé, est présente dans les derniers épis qui restent à couper dans le champ. Le plus souvent, elle se retrouve capturée parce qu’on rapporte cette dernière gerbe à la maison où elle est conservée toute l’année ; elle est parfois affublée de vêtement féminins et on la nomme la Vieille Femme, ou La Mariée du Blé, ou la Vierge. Les nombreux exemples européens ont des parallèles sur le continent américain avec la Mère du Maïs, dans les Indes orientales avec la Mère du Riz. Comme en Europe et éminemment en Grèce ancienne cette personnification se dédouble parfois en une mère et sa fille, une vieille femme et une jeune fille. Les chants qui accompagnaient en Europe la fin de la moisson ainsi que la compétition entre moissonneurs, font penser que l’esprit du blé était considéré comme mort, peut-être même tué en la personne d’un représentant humain en des temps très éloignés. Certaines populations croyaient pour leur part à la nécessité d’un sacrifice humain pour le bénéfice des récoltes. XIX, XX Frazer et le cycle du rameau d’or, Nicole Belmont et Michel Izard, Laboratoire d’anthropologie sociale; Collège de France. ]]>