La région la plus touchée par l’effondrement classique a été les plaines du sud, sans doute pour les deux raisons déjà mentionnées : c’était la zone dont la population était la plus dense et elle peut aussi avoir connu le problème d’eau le plus grave parce qu’elle se trouvait trop en hauteur par rapport à la nappe d’eau pour qu’on en puise à partir de cénotes ou de puits quand les pluies venaient à manquer. Les plaines du sud ont perdu plus de 99 % de leur population au cours de l’effondrement classique. Par exemple, la population du centre du Peten1 à l’apogée de la période classique est estimée entre trois millions et quatorze millions de personnes, mais il n’en restait plus que trente mille à l’époque où les Espagnols sont arrivés. Lorsque Cortés et son armée espagnole traversèrent le centre du Peten en 1524 et 1525, ils moururent presque de faim tant ils rencontrèrent peu de villages où acheter du maïs. Cortés passa à quelques kilomètres des ruines des grandes cités classiques de Tikal et de Palenque, mais il n’en entendit pas parler ni n’en vit rien parce qu’elle étaient recouvertes par la jungle et que presque personne ne vivaient dans leur voisinage.
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Depuis l’arrivée des espagnols, la population du centre de Peten a encore décliné pour atteindre trois mille personnes en 1714, suite à des décès par maladies et autres causes associés à l’occupation espagnole. Dans les années 1960, la population du Peten central n’était remontée qu’à vingt-cinq mille personne, soit encore moins d’1 % de ce qu’elle avait été à l’apogée maya classique. Toutefois, des immigrés se sont par la suite installés dans la région, portant la population à trois cent mille dans les années 1980, ce qui a ouvert une nouvelle ère de déforestation et d’érosion. Aujourd’hui, la moitié du Peten est une fois encore déboisée et écologiquement dégradée. Un quart de toutes les forêts du Honduras ont été détruites entre 1964 et 1989.
source:http://www.latinamericanstudies.org/mayas.htm
1:On divise traditionnellement le pays maya en trois grands ensembles géographiques : les hautes terres volcaniques méridionales du Guatemala, bordées au sud d’une étroite plaine sur la rive du Pacifique ; au centre, la vaste forêt tropicale du Petén, qui englobe, à l’ouest, le Chiapas et le Tabasco (Mexique) et, à l’est, le Belize et l’ouest du Honduras ; au nord, les États mexicains de Campeche, Quintana Roo et du Yucatàn constituent l’aire maya septentrionale, vaste plateaux calcaire poreux, dépourvu de cours d’eau, au climat plus sec, recouvert d’une végétation xérophile basse. Cette subdivision correspond à une réalité, dont les implications sont également culturelles. Le grand Petén a abrité l’épanouissement des grandes cités de la civilisation maya classique avec leurs centres monumentaux, leurs temples-pyramides élevés et leurs stèles. La péninsule du Yucatàn a vu se développer des variantes régionales, les styles Rio Bec, Chenes et Puuc, et connu une floraison plus tardive. La civilisation maya y a survécu le plus longtemps, autour de Chichén-Itzà, puis de Mayapàn. Encyclopédie Universalis, Mayas, par Eric Taladoire.
Pg275-276
Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006
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