Pour résumer l’effondrement classique maya, nous pouvons identifier cinq échecs : 1.l’un de ces échecs a tenu au fait que la croissance démographique a excédé les ressources disponibles, dilemme semblable à celui qu’avait prévu Thomas Malthus en 1798 et qui éclate aujourd’hui au Rwanda, en Haïti et ailleurs. Comme le dit succinctement l’archéologue David Webster, « trop d’agriculteurs faisaient pousser trop de récolte sur trop peu de terres ». 2.Un deuxième échec venait s’ajouter à ce déséquilibre antre la population et les ressources : il s’agit des effets de la déforestation et de l’érosion des collines, qui ont causés une destruction des terres utilisables à une époque où l’on en avait besoin de davantage, sans doute exacerbés par une sécheresse d’origine humaine suite à la déforestation, par l’appauvrissement nutritif et d’autres problème affectant les sols, ainsi que par les efforts déployés pour que les fougères n’envahissent les champs. 3.Le troisième échec est lié aux combats de plus en plus nombreux, de plus en plus de personnes se battent pour des ressources de moins en moins nombreuses. Les guerres, déjà endémiques, ont atteint chez les Mayas un sommet juste avant l’effondrement. Ce n’est guère surprenant quand on songe que cinq millions de personnes au moins, et peut-être beaucoup plus, étaient entassés dans une région plus petite que l’état du Colorado (42000 km²). Cet état de guerre a pu réduire encore la quantité de terres disponibles pour l’agriculture, en créant des no man’s lands entre les principautés sur lesquels toutes pratique de l’agriculture présentait un danger. 4. le changement climatique est venu mettre sa touche finale, quatrième échec. À l’époque de l’effondrement classique, la sécheresse n’est pas la première que les mayas avaient connue, mais c’était la plus grave. Au cours des précédentes, certaines parties du territoire maya étaient encore inhabitées, et les habitants d’un site touché par la sécheresse pouvaient assurer leur salut en gagnant un autre site. Cependant, au moment de l’effondrement classique, tout le territoire était occupé et il n’existait plus de terres utiles inhabitées dans le voisinage où s’installer pour recommencer ; les quelques zones encore dotées de réserves d’eau fiables ne suffisaient plus pour la population toute entière. 5. Quant au cinquième échec, il conduit à se demander pourquoi les rois et les nobles ne sont pas parvenus à identifier et à résoudre ces problèmes apparemment évident qui ruinaient leur société. Leur attention était à l’évidence focalisée sur leur intérêt à court terme:s’enrichir, mener des guerres, ériger des monuments, rivaliser les uns avec les autres et tirer assez de nourriture des paysans pour soutenir ces activités. Comme la plupart des dirigeants au cours de l’histoire humaine, les rois et les nobles mayas n’ont pas pris garde aux problèmes à long terme, à supposer qu’ils les aient entrevus. Pg276-278 Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006 ]]>