Dans la Grèce antique, un individu qui était faussement passé pour mort, et pour lequel, en son absence, les rites funéraires avaient été pratiqués, était considéré comme mort par la société, jusqu’à ce qu’il eût accompli le rite qui lui permettait de renaître… On le faisait passer par les genoux d’une femme, on le lavait, on l’emmaillotait, on l’allaitait. Ce n’est qu’après s’être minutieusement acquitté de ce cérémonial qu’il lui était loisible de frayer à nouveau avec les vivants. Dans l’Inde ancienne, et dans des conditions similaires, le mort supposé devait passer la nuit qui suivait son retour dans un tonneau plein d’eau et de graisse ; il devait s’y tenir coi, les poings fermés, tel un enfant dans le sein de sa mère, tandis qu’on célébrait, à son bénéfice, tous les sacrements en usage pour une femme enceinte. Le lendemain matin, il sortait de la cuve et avait à subir à nouveau tous les sacrements dont il avait été muni dès sa tendre enfance ; en particulier, il était tenu de prendre femme, ou de se remarier solennellement avec son ancienne épouse. Pg55 Frazer et le cycle du rameau d’or, Nicole Belmont et Michel Izard, Laboratoire d’anthropologie sociale; Collège de France. ]]>