La démocratie est un mot dangereux, car on l’utilise sans préciser le contenu sémantique variable qu’il recouvre. Le gouvernement par la peuple. Qu’est-ce que le peuple ? Est-ce l’ensemble des hommes qui habitent un même pays ? Est-ce le plus grand nombre ? L’ensemble des individus gouvernés par une oligarchie ? La partie la moins aisée, la moins instruite d’une nation, et la moins instruite de quoi ? Admettons que ce soit un peu tout cela à la fois, mais surtout le gouvernement par la plus grand nombre se dégageant des oligarchies. Il serait bien étonnant que les oligarchies gouvernent pour le peuple et non pour leur bien-être personnel d’abord. Mais quand bien même elles le feraient, c’est justement ce gouvernement, même pour son bien, que le peuple refuse aujourd’hui. Il ne veut déléguer son pouvoir à personne pour agir en sa faveur, ce en quoi on ne peut que le féliciter car l’histoire nous apprend que même dans les pays où la propriété privée des moyens de production a été supprimées, l’ignorance des bases physiologiques des comportements fait que tout les bienfaiteurs du peuple, s’il fait autre chose que de parler en son nom et se mêle d’agir, agira rapidement pour lui-même et pour les concepts qu’il manipule et qui ne sont pas généralement ceux du commun, ceux du peuple. Fusion encore du législatif (informatif) et de l’exécutif. Le peuple se trouve ainsi rapidement exploité par ceux qui possèdent « l’information » et qui s’en servent pour assurer le « pouvoir ». Mais puisque l’information est nécessaire à l’action efficace, comment le peuple peut-il agir puisqu’il est ou bien non informé, ou plus gravement encore, informé de façon unidimensionnelle, orientée de manière à maintenir les structures hiérarchiques et de domination, cela aussi bien en régime capitalistes que socialistes existants. Tant que les informations seront entre les mains de quelques-uns, que leur diffusion se fera de haut en bas, après filtrage, et qu’elles seront reçues à travers la grille imposée par ceux qui ne désirent pas, pour la satisfaction de leur dominance, que cette grille soit contestée ou qu’elle se transforme, la démocratie est un vain mot, ma fausse monnaie du socialisme. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 171-172.]]>
Corrélation appétits sexuels et monogamie ; Wright ; l'animal moral.
1. Les mâles humains aussi sont réputés promener les enfants et rester en famille. Est-il possible que ces derniers millions d’années, il nous soit arrivé quelque chose de semblable à ce qui s’est produit chez les gibbons ? Les appétits sexuels des mâles et des femelles sont-ils devenus convergents, assez, en tout cas, pour faire de la monogamie un objectif raisonnable ? 1: Leighton Donna Robbins, « Gibbons : Territoriality and monogamy », in SMUTS et alii (cfr1) ; 1987 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ;Pg 92]]>
Définition de la volonté ; Henry Laborit ; La nouvelle grille.
…, où siège cette volonté qui faits les hommes forts ? Représente-t-elle autre chose que la puissance de la motivation et dans ce cas ne résulte-t-elle pas essentiellement de la fonction hypothalamique ? Plus l’assouvissement du besoin est ressenti comme indispensable à la survie, à l’équilibre biologique, au « bonheur », plus la motivation, c’est-à-dire la volonté, sera forte de l’assouvir. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 168-169]]>
Ce que « veut » la sélection naturelle et ce qu'un individu désire; Wright ; l'animal moral.
1. Dans le cas des chimpanzés, l’affaire est plus délicate. Le mâle dominant peut avoir toutes les femelles qu’il désire, mais ce n’est pas nécessairement parce qu’elles le préféreront ; il aura interdit toute liberté de choix en effrayant les autres mâles. Il peut également effrayer les femelles, si bien que le rejet des mâles de second rang peut aussi bien ne refléter que la peur des femelles. (il est à noter que le phénomène de rejet disparaît dès lors que le mâle dominant a le dos tourné2.) Mais il existe chez les chimpanzés un genre d’union tout à fait différent : une fréquentation intime, soutenue, qui peut ressembler au flirt humain. Un chimpanzé mâle et une femelle quitteront ainsi la communauté pendant plusieurs jours, parfois des semaines. Et bien qu’il soit toujours possible d’enlever une femelle qui se refuse, il peut arriver à celle-ci de voir sa résistance couronnée de succès. D’autre fois, elle cédera avec docilité, au grand dam des autres mâles qui l’auraient volontiers aidé à résister davantage3. En réalité, même le fait de céder sous la contrainte implique une forme de choix. Les femelles orangs-outangs en sont un bon exemple. Elles semblent souvent exercer un choix en élisant tel mâle plutôt que tel autre. Mais il arrive qu’après avoir tenté de résister, elles soient prises de force et violées – si tant est que le mot puisse s’appliquer à des animaux. On a la preuve que les violeurs, souvent des adolescents, ne réussissent généralement pas à féconder la femelle4. Mais supposons qu’ils y parviennent avec une certaine régularité, alors une femelle aura intérêt, en terme purement Darwiniens, à copuler avec un bon violeur,, un solide et grand mâle de la catégorie des sexuellement agressifs ; sa progéniture mâle n’en sera que plus grande, plus solide et sexuellement plus agressive (en admettant que l’agressivité sexuelle varie, au moins pour partie, en fonction des différences génétiques) et, de ce fait, prolifique. Ainsi la sélection naturelle devrait-elle encourager la résistance des femelles (à condition que cela ne porte pas préjudice), moyen le plus sûr d’éviter d’avoir pour fils des violeur incapable. Cela ne veut pas dire que la femelle primate -ses protestations mises à part- en ait une « envie folle », comme le supposent généralement des mâles humains. Au contraire, plus une femelle orang-outan en aura « envie », moins elle résistera et moins son mécanisme de protection sera puissant. Ce que « veut » la sélection naturelle et ce qu’un individu désire ne sont pas forcément deux choses identiques ; et dans ce cas précis, on note un certain désaccord. En fait, même quand les femelles ne manifestent pas de préférence particulières pour certains types de mâles, elles peuvent concrètement, préférer un mâle donné. Et la retenue de facto peut se révéler une retenue de jure. Ce peut être une adaptation, encouragée par la sélection naturelle précisément à cause de son effet filtrant. La même logique pourrait s’appliquer, plus largement, à n’importe quelle espèce de primate. Dès lors que les femelles commencent à opposer une petite forme de résistance, celle qui manifeste d’une résistance légèrement plus prononcée témoigne de sa valeur propre. Si difficile soit-il de vaincre cette résistance, les fils de celles qui en font montre auront plus de prix que ceux des femelles qui résistent plus mollement.(ce qui suppose à nouveau que la capacité plus ou moins avérée des différents mâles à surmonter ces difficultés reflète des différences génétiques sous-jacentes.) En termes purement darwiniens, on peut donc dire que la retenue féminine est à elle-même sa propre récompense. Cela reste vrai, que les méthodes d’approche du mâle soient verbales ou physiques. 1 :Wolfe Linda D., « Human Evolution and the sexual behavior of Females primates », in Loy, James D, et Peters, Calvin B., Ed., Understanding behavior, New-York, Oxford University press, 1991, pp.136-137 ; Stewart Kelly J., et Harcourt Alexander H., « Gorillas : Variations in females relationships », in SMUTS et alii (primates societies, Chicago, University of Chicago Press, 1987) ; 1987 2 : De Waal, Frans, Chimpanzee Politics (1982), Baltimore, John Hopkins University Press, 1989 ;Pg 168 3 : Goodall Jane, The Chimpanzees of Gombe : Patterns of behavior, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press ; 1986 ; Pg 453-466 4 :idem 1 ; Pg 130 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ;Pg 87-90]]>