1.
John Stuart Mill avance un point de vue tout aussi censé. Il insiste sur l’idée de tolérance face à la diversité morale, il souligne les bienfaits, à terme, d’un certain anticonformisme dans nos sociétés, mais ne recommande à personne d’ériger en mode de vie une morale aventureuse. Sous le radicalisme qui transparaît dans La Liberté, Mill nous conseille de contrôler fortement nos pulsions par la pensée. « La grande majorité des individus n’est pas vraiment douée pour le bonheur, écrit-il dans une lettre. Ils attendent […] du mariage beaucoup plus de bonheur qu’ils n’en trouvent généralement. Et, sans comprendre que la faute en incombe uniquement à leur inaptitude au bonheur, ils s’imaginent qu’ils auraient été plus heureux avec quelqu’un d’autres. » Conseil de Mill aux insatisfait : On ne bouge pas et on attend que ça passe. « S’ils restent unis, le sentiment de déception finit par disparaître avec le temps, et ils passent le reste de leur vie ensemble, avec autant de bonheur qu’ils en auraient trouvé seuls ou avec quelqu’un d’autre, et sans avoir enduré l’épuisante répétition des expériences ratées2. »
1:Un sondage de 1985 montre que 26 % des hommes qui s’étaient mariés étaient soit séparés, soit divorcés. 25 % de ceux qui s’étaient remariés par la suite étaient à nouveau séparés ou divorcés. (ce qui ne veut pas dire que 75 % des mariages soient des succès ; ce sondage porte sur les hommes de tous âges, et les plus jeunes d’entre eux divorceront peut-être plus tard, et donc feront descendre le taux de succès.) Puisque les hommes mariés pour la deuxième fois ont tendance à être plus âgés que ceux qui ne se marient qu’une fois, les seconds mariages auront tendance à avoir un taux de succès plus élevé. Mais cela ne veut pas dire que leur chance de réussite , calculée année par année, soit plus grande. Ces chiffres sont le résultats de calculs que j’ai faits à partir du sondage du bureau américain de recensement.
2:Rose Phyllis, Parallel Lives : Five Victorian Mariages; 1983, p. 108. Randolph Nesse ; »Psychiatry », in Maxwell, Mary éd., The sociological imagination, Albany, State University of New York Press;1991 serait d’accord avec Mill. Il note que l’harmonie conjugale est souvent cosidérée, à tort, comme la norme, et que beaucoup de couple se révèle « insatisfait de leur mariage, qui est pourtant plus heureux que la moyenne »(p.28)
L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg217-218]]>