Sous l'éducation se cache… ; Wright ; l'animal moral.

1. …. Comme l’a souligné Trivers dans son article de 1974, envisager les choses du point de vue du gène implique que les parents soient eux-mêmes des manipulateurs. Ils veulent – ou du moins, leur gènes « veulent » – obtenir de l’enfant davantage d’altruisme familial et d’abnégation et, par conséquent insuffler à l’enfant plus d’amour que son intérêt génétique n’en demande. Cela n’est pas seulement vrai de l’amour entre frères et sœurs, mais aussi de l’amour pour les oncles, les tantes et les cousins, qui ont tous en moyenne deux fois plus de gènes des parents que des gènes de l’enfant. Il est rare qu’un parent demande à un enfant d’avoir moins d’égards envers ses oncles, ses tantes et leur enfants. …. Les enfants sont biologiquement sensibles à la propagande faite par les parents, tout comme les parents le sont à celle menée par les enfants. Parce qu’il existe souvent une excellente raison darwinienne de faire ce que disent les parents. Bien que les intérêts génétiques des parents et des enfants soient divergents, 50 % d’entre eux se recoupent partiellement. Ainsi, personne plus qu’un parent n’a autant de motivations génétiques à remplir la tête d’un enfant de motivations utiles. Personne n’attire autant l’attention de l’enfant. Les gènes d’un enfant doivent « vouloir » que celui-ci s’informe auprès de cette banque de données qui, lui étant exclusivement réservée, est logée dans ses parents. …. Et surtout, les parents devraient, sous couvert d’ « éducation », se livrer à ce que Trivers appelle le « modelage ». « Puisque l’éducation (par opposition au modelage) est censée être perçue par la progéniture comme étant dans son propre intérêt, les parents sont supposés conférer à leur rôle d’éducateurs une importance excessive afin de diminuer la résistance des jeunes »2. …. Les parents trouvent un autre avantage, plus spécifique encore, au fait d’essayer de contrecarrer (en partie) les gènes de leur enfants. La sélection parentale a fait en sorte que la conscience attache une grande importance aux frères et aux sœurs, générant la culpabilité en cas de manquement. Les parents peuvent donc jouer sur ce sentiment de culpabilité, et la sélection naturelle les rend assez bon à ce jeu-là. D’un autre côté, comme l’observe Trivers, la sélection naturelle a dû contourner l’obstacle et doter les enfants d’un équipement antiexloitation : par exemple, un scepticisme prononcé quand aux déclarations des parents sur le devoir fraternel. Nouvelle course à l’armement. 1 : Robert M Yerkes cité par Trivers Robert, Social Evolution, Menlo Park, Californie, Benjamin/Cummings ; 1985, pg 158 2 :Trivers Robert; « Parent Offspring conflict » ; American zoologist, 14, 1974, pg 260 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Extraits Pg 273-276]]>

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