Modélisation: TIT FOR TAT ; Wright ; l'animal moral.

Le dilemme du prisonnier), est baptisé TIT FOR TAT(que l’on pourrait traduire par Donnant donnant ou un donné pour un rendu). TIT FOR TAT a une règle du jeux des plus simples:son logiciel, le plus court qui ait été proposé, ne dépasse pas cinq lignes. (Donc si les stratégies avaient été créées par un programme plus aléatoire qu’intentionnel, il aurait sans doute été le premier à voir le jour.) TIT FOR TAT dit bien ce qu’il veut dire : il coopère dès les première rencontre avec n’importe quel programme. Après quoi il répète ce que l’autre programme a fait lors de la première rencontre. C’est un prêté pour un rendu, on rend les bons coups comme les mauvais. Les vertus de cette stratégie sont presque aussi simple que l’est la stratégie elle-même. Si un programme fait mine de coopérer, TIT FOR TAT engage aussi tôt une relation amicale, et tous deux bénéficient des fruits de leur collaboration. Si l’un des programmes manifeste une tendance à la tromperie, TIT FOR TAT limite ses pertes en s’abstenant de coopérer tant que le programme ne se sera pas amendé, et fait ainsi l’économie de passer pour un gogo. Ainsi TIT FOR TAT n’est-il jamais dupé deux fois de suite, comme c’est le cas pour les autres programmes qui coopèrent sans discernement. Par ailleurs, TIT FOR TAT évite aussi le sort réservé aux programmes, qui refusant de coopérer sans discernement, essaient d’abuser les programmes frères : le cercle vicieux et fort coûteux des trahisons réciproques entre programmes qui seraient ravis de coopérer si seulement l’autre voulait bien commencer…. Bien sûr, TIT FOT TAT renonce aux gains exceptionnellement élevés que la tricherie pourrait lui assurer. Mais les stratégies visant à l’exploitation, qu’elles reposent sur une tricherie implacable ou sur des petites tricheries répétées, ont tendance à perdre au fur et à mesure que progresse le jeu, se voyant interdire à la fois les gros gains de l’exploitation et ceux, plus modérés, de la coopération mutuelle. Plus que les programmes régulièrement méchants, plus que les programmes tout aussi régulièrement bienveillants et plus que les différents programmes « intelligents » que des règles trop élaborées rendent difficiles à lire par les autres programmes, le très conditionnel TIT FOR TAT se révèle, à long terme, un programme très égoïste. …… La réalité est plus complexe que l’ordinateur d’Axelrod. Dans le tournoi de celui-ci, un groupe d’organismes électroniques TIT FOR TAT triomphe et vit ensuite pour toujours dans une parfaite coopération mutuelle. Cette expérience était précieuse dans la mesure où elle montrait comment l’altruisme réciproque avait pu évoluer, et pourquoi nous sommes tous sujets aux émotions qui le gouvernent. Mais, bien sûr, nous n’utilisons pas ces émotions avec la même constance qu’un TIT FOR TAT. Il arrive que les gens mentent, trichent ou volent – et, contrairement au TIT FOR TAT, ils sont capables d’adopter une telle conduite même envers des individus qui se sont montrés aimables à leur égard. Il arrive, en outre, que certains prospèrent de cette manière. Le fait que nous ayons cette capacité à exploiter nos semblables, et qu’elle se révèle parfois payante, semble indiquer qu’il y a dû y avoir, au cours de l’évolution, des périodes où user de bonté n’était pas la meilleure stratégie génétique. Peut-être que nous disposons tous de mécanisme du TIT FOR TAT, mais nous disposons également d’un mécanisme moins admirable. La question qui se pose à nous est alors de savoir lequel utiliser. D’où la valeur adaptative d’une conscience malléable. C’est au moins ce que suggère Trivers dans l’article qu’il consacre en 1971 à l’altruisme réciproque. Il note que le bénéfice perçu en aidant quelqu’un – ou en le trompant- dépend de l’environnement social dans lequel nous nous trouvons. Or les environnements changent avec le temps. Ainsi, « on s’attendrait à ce que la sélection favorise un développement souple des caractéristiques régulant les tendances à l’altruisme et à la tromperie et à ce qu’elle favorise, chez les autres, les réactions à de telles tendances ». De cette façon, « le sentiment de culpabilité croissant de l’organisme » pourrait « s’éduquer, en partie grâce à la famille, afin d’autoriser les formes de tricheries que les circonstances rendent appropriées et de décourager celles dont les conséquences seraient plus dangereuses »1. En bref : « l’orientation morale » est un euphémisme. Les parents sont conçus pour orienter les enfants vers les conduites « morales » si – et seulement si- elles peuvent leur être profitables. Il est difficile de déterminer quelles sont les circonstances qui, au cours de l’évolution, ont rendu certaines stratégies morales plus valables que d’autres. Il a pu exister des changements récurrents dans la taille des villages, dans la densité du gibier ou la menace des prédateurs1. Autant de paramètres qui ont pu affecter la quantité et la valeur des efforts de coopération disponibles. De plus, chaque individu dispose d’un actif et d’un passif sociaux spécifiques. Certains peuvent prospérer sans prendre le risque de tricher, d’autres non. 1:voir Cosmides Leda et Tooby John ; « Cognitive adaptation for social exchange », in Barkow et alii (« the adaptated mind:evolutionary psychology and the generation og culture, New York, Oxford university press1992) ; 1992 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 319-321+349-351]]>

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