Produire ou connaître ?? A vous de choisir ; Laborit

La « décision » en définitive aboutirait à choisir entre la production et la possession d’un nombre croissant d’objets de consommation, ou un type de vie laissant suffisamment d’heures libres par jour pour accroître les connaissances que chacun doit posséder des relations interhumaines sous leur forme biologiques, psychologiques, sociologiques, économiques, politiques. Ce deuxième type de vie, c’est évident, réduirait considérablement la production ou du moins stopperait la croissance ou l’expansion. Il aboutirait à l’état si redouté des économistes et des hommes politiques, la stagnation. Mais dans une stagnation concernant la production de biens de consommation, pourrait s’épanouir un véritable « miracle », non plus économique, mais humain. La question serait alors clairement posée de savoir si la finalité de l’espèce humaine sur la planète est de faire toujours plus de marchandises, ou de mieux connaître le monde inanimé, le monde vivant y compris le monde humain. Pour la première fois, ce problème ne serait plus abandonné à quelques philosophes, mais postés à l’ensemble des hommes, avec suffisamment d’informations non dirigées pour pouvoir le résoudre. La première conséquence évidemment serait la brusque disparition des hiérarchies de valeur. Nous retrouvons donc au niveau des sous-ensembles nationaux, la notion que l’information structure, sociologique, est fonction de la finalité de l’ensemble. L’individu dans ce sous-ensemble n’est-il uniquement qu’une machine à produire, ou son action sur l’environnement qui a pour finalité son « bien-être », son plaisir, peut-elle aussi s’exprimer dans un autre langage que celui de l’économie ? La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 222-223]]>

La droiture; Wright ; l'animal moral.

1. Autrement dit : environ un tiers des différences entre individus peuvent être imputées au fait que leur gênes sont différents. Il en reste tout de même encore deux tiers qui sont imputables à l’environnement. 1 :Loehlin (1992). Les psychologues de la personnalité n’emploient pas le terme « conscience » dans un sens aussi large que je le fais dans ce chapitre, mais tout cela se recoupe largement ; par exemple, l’attention acharnée que Darwin accorde aux devoirs sociaux et aux plus petits détails de ses travaux en fait partie. Les psychologues évolutionnistes pourront vraisemblablement bientôt montrer que cette chose impalpable qu’on appelle conscience consiste en diverses adaptations (ou suradaptations) assignées à diverses fonctions. Dans ce chapitre, j’utilise le terme de façon plutôt vague et informelle. L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 345-346]]>

différence socialisme et capitalisme; Laborit

Chaque nation capitaliste ou socialiste contemporaine possède son propre système hiérarchique fort semblable, aux étiquettes près. La distinction provient du fait que dans un cas, le capital a son existence propre, constitue une finalité, à laquelle concours tout le système hiérarchique, alors que dans le second, le capital est une notion secondaire puisqu’en principe collectif, mais que le système hiérarchique a sa finalité en lui-même. C’est peut-être pourquoi le collectivisme d’état n’a pas fourni les résultats espérés en ce qui concerne l’expansion économique, car la motivation de dominance est ailleurs. Mais en réalité, à y regarder de plus près, il y a peu de différence, puisque l’orientation de l’utilisation de la plus-value, dans un cas comme dans l’autre, échappe à ceux qui la créent et que l’aliénation hiérarchique demeure. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 220-221]]>

La conscience; Wright ; l'animal moral.

1. C’est le stade auquel on désire être reconnu comme « gentil » et « bon ». C’est-à-dire passer pour un altruiste réciproque fiable, une personne à laquelle on peut avoir intérêt à s’associer. C’est notamment cette pulsion qui fait l’extraordinaire force des codes moraux collectifs : nous voulons tous faire – ou, pour être plus précis, nous voulons tous être vu en train d’accomplir – ce que chacun affirme être bien. 1:voir MacDonald Kevin, SociobilogyPerspectives on Human Development, New York, Springer-verlag, 1988, sur le sujet général de l’adaptation du mal psychique. L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 344-345]]>

Les bourgeois ; Henry Laborit ; La nouvelle grille.

Tout homme qui admet le système hiérarchique qui en découle, fondé sur le degré d’abstraction de l’information professionnelle atteint par les individus, puisque l’accumulation de capital ne peut se passer de l’expansion économique et donc du développement de l’information professionnelle, est un bourgeois. Rechercher la promotion sociale institutionnalisée par ce système, donc l’accepter, à quelque niveau de l’échelle hiérarchique où l’on se trouve, c’est être capitaliste, même sans posséder de capital. Mais de la même façon chercher à s’élever dans les instances du parti, dans l’organisation hiérarchiquement privilégie, c’est capitaliser le pouvoir en utilisant la plus-value de pouvoir comme l’a définie G. Mendel1 qu’abandonnent ceux situés à un échelons inférieur de la hiérarchie. La preuve est faite que c’est la recherche de la dominance la véritable motivation car si le patronat a accepté progressivement l’amélioration de la condition ouvrière, qui était d’ailleurs indispensable à l’accroissement du pouvoir d’achat et en conséquence à l’accroissement du profit, il s’est généralement refusé et se refuse encore à voir son pouvoir de décision partagé, soit par les cadres, soit par les ouvriers. Il semble donc que le problème de la croissance est bien fondé au départ sur la recherche de la dominance, même si celle-ci est de moins en moins réalisée par la possession du capital. 1 : G. Mendel (1972), Sociopsychanalyse II. La plus-value de pouvoir, Payot, édit. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 221]]>

La dominance: résultat de la fermeture du système ; Laborit

Si nous tentons d’explorer plus avant l’analogie entre un organisme individuel et un organisme social national, nous pouvons noter que l’environnement de ce dernier est d’abord le territoire qui constitue son système écologique immédiat, sa niche environnementale, mais que les rapports socioculturels et économiques se font aussi à l’extérieur de ce territoire, avec les autres organismes nationaux avec lesquels il échange à la fois sur le plan matériel, énergétique et informationnel. L’équivalent de l’autisme pour l’individu, du repliement sur lui-même c’est l’autarcie pour la nation. Mais comme pour l’individu nous observons entre les nations une recherche de la dominance, l’établissement de hiérarchies de valeur, fondée sur l’information spécialisée d’où découle la productivité. Cette dominance qui résulte de la fermeture du système national est bien entendu valable essentiellement pour la classe dominante et c’est elle qui déclenche les compétitions commerciales et industrielles, les recherches de débouchés, de marchés. Mais elle parvient souvent à faire admettre par l’ensemble national que sa cause est la cause de la nation et qu’en défendant ses intérêts de classe dominante sur le plan international, elle défend ceux de tous les citoyens. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 219-220]]>