Corporatisme et culte de la personnalité : écueils du pouvoir politique, Laborit

Un premier point nécessite d’être développé. Le pouvoir politique qui pourrait être la propriété des classes fonctionnelles doit éviter deux écueils : le corporatisme et le culte de la personnalité à l’échelon des groupes les plus simples. Le corporatisme consiste à tenter d’imposer le pouvoir politique d’une classe fonctionnelle ou le plus souvent professionnelle, sans tenir compte des structures d’ensemble à la constitution desquelles elle participe. C’est agir en la coupant du servomécanisme de la source informationnelle provenant de l’extérieur du système fermé qu’elle représente. La corporation est l’ensemble de ce qui résulte de la fermeture du système. C’est un véritable cancer qui ne pense qu’à son propre plaisir, son propre bien-être, sa propre satisfaction, s’appuyant sur son indispensabilité, sans concevoir l’indispensabilité des autres classes fonctionnelles. A l’intérieur d’une même classe fonctionnelle ou professionnelle, il existe d’ailleurs des hiérarchies de pouvoir qui peuvent trouver une ouverture horizontale en s’associant aux hiérarchies de pouvoir analogue dans d’autres classes fonctionnelles. C’est même en cherchant cette ouverture horizontale que les niveaux hiérarchiques les plus défavorisés au sein d’une profession tentent le plus souvent de faire échec au pouvoir hiérarchique intraprofessionnel au sein d’une corporation. Nous constatons, là encore, que pour faire échec au corporatisme, aux jugements de valeur, à l’isolement d’un sous-ensemble professionnel, à sa sporulation ou à son empiétement, il est nécessaire d’en rechercher à la fois son ouverture verticale au sein des ensembles plus vastes qui le comprennent et l’ouverture horizontale pour chaque niveau d’organisation, pour chaque sous ensemble participant à sa structure. Le culte de la personnalité, est proche du paternalisme et de l’infantilisme auquel nous avons fait allusion précédemment. Il représente l’abandon du pouvoir politique entre les mains d’un seul ou de quelques-uns, capable d’imposer leurs vues personnelles aux groupes qui les acceptent d’autant plus facilement que cela les sécurise de croire que dans la complexité des faits sociologiques, certains sont mieux informés, donc plus aptes à agir. Cela montre que l’information généralisé du groupe est imparfaite, soit faute de temps pour l’acquérir, soit du fait prémédité que les personnalités dominantes stockent les informations et ne présentent aux éléments de groupes que celles leur permettant de conserver leur dominance La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 238-240]]>

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