beneffectance (la «bénefficacicé»). Il a été inventé en 1980 par le psychologue Athony Greenwald pour écrire cette tendance qu’on les hommes à se présenter comme des êtres bienfaisants et efficaces. Les deux composantes de ce mot-valise incarnent respectivement l’héritage de l’altruisme réciproque et celui des hiérarchies de statuts1. Cette distinction est un peu simplifiée à l’extrême. Dans la vie, les mandats de l’altruisme réciproque et du statut – à savoir, avoir l’air bienfaisant et efficace – peuvent se recouper. Au cours d’une expérience où l’on demandait à des gens ayant participé aux efforts d’une équipe quel rôle ils y avaient tenu, ils eurent tendance à répondre avec enthousiasme, si on leur disait au préalable que l’effort en question avait été couronné de succès. Si en revanche, on leur disait que c’était un échec, ils évoquaient d’avantage le rôle tenu par leur coéquipier2. Cette thésaurisation des louanges et ce partage des blâmes font sens dans la logique de l’évolution. Ils font apparaître quelqu’un comme bienfaisant, ayant aidé d’autres personnes du groupe à le réussite de l’entreprise, et méritant par conséquent une récompense future ; ils le font également apparaître efficace, et méritant donc un statut élevé. 1 :Voir Greenwald Anthony G., «The totalitarian ego : fabrication and revision of personal history» ; American Psychologist, 357, 1980, pg 603-618 et Trivers Robert, Social Evolution, Menlo Park, Californie, Benjamin/Cummings ; 1985, pg 418
2 :cité in Miller Dale T. et Ross Michael, «Self serving biaises in the attribution of causality : fact or fiction?», Psychological bulletin, , 1975, pg 217. Un phénomène du même ordre est relaté par Ross Michael et Sicoly Flore, «Egocentric biaises in availability and attribution», journal of personality and social psychology, 37, 1979, pg. 322-336, expérience 2.
L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 456]]>