1. 1:voir Connor Steven, Postmodernist culture : an introduction to theories of the contemporary, Oxford, Basil Blackwell, 1989, chapitre 1 et 6;Graham Elspeth, Doherty J. et Malek M., «The context and langage of post-modernism», in Doherty, Graham et Malek, éd. Postmodernism and the social sciences, Londres, MacMillan, 1992 ; et Wyschogrod Edith, Saints and postmodernism, Chicago, University of Chicago Press, 1990 en particulier P XIII-XXVII. L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 526-527.]]>
«Peur de perdre sa domination» ; Laborit
En réalité, il existe aujourd’hui une profession de la chose politique qui n’est pas fondée sur la créativité, mais sur la dominance la plus biologiquement primitive du fait que l’activité professionnelle ne permet pas à chaque individu de s’informer de façon générale sur les lois et la dynamique des structures. Certains d’entre eux se spécialisent donc dans l’acquisition de ces connaissances et prennent alors une position hiérarchique à l’égard de la masse non informée. Ils se satisfont de leur dominance et ne pourraient envisager de sortit du cadre idéologique du parti car ce serait perdre leur dominance. C’est une des raison principale de la sclérose idéologique des partis. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 265]]>
Freud sous l'angle de la psychologie évolutive; Wright
Le meilleur, chez Freud, c’est sa compréhension de notre paradoxe : être un animal éminemment social, être au fond de nous libidineux, rapaces et, de manière générale, égoïstes, tout en ayant à vivre en parfaite civilité avec d’autres êtres humains – c’est-à-dire devoir atteindre nos objectifs animaux par de torteux sentiers de coopération, de compromis et de retenue. C’est de ce point de vue que découle l’idée la plus essentielle de Freud sur l’esprit : il est le lieu des conflits entre pulsions animales et réalité sociales. Paud D. MacLean nous offre une vision biologique de ce type de conflits. Il qualifie le cerveau humain de cerveau «trin», dont les trois parties fondamentales résument notre évolution : un noyau reptilien (siège de nos instincts élémentaires), entouré d’un cerveau «paleomammifère» (qui a notamment doté nos ancêtres de l’affection pour la progéniture), lui-même entouré d’un cerveau «neomammifère». Le volumineux cerveau «neomammifère» nous apporte le raisonnement abstrait, le langage et, peut-être l’affection (sélective) pour des personnes étrangères à la famille. Il est, écrit MacLean, «un domestique qui rationalise, justifie et donne une expression verbale aux parties protoreptilienne et [paleomammifère] limbaires de notre cerveau»1. Comme beaucoup de schémas bien pensés, celui-ci peut-être d’une trompeuse simplicité, mais il saisit une (peut-être la) caractéristique décisive de notre trajectoire évolutive : trajectoire qui va de la solitude au social, et au cours de laquelle la quête de la nourriture et de la sexualité devient une entreprise de plus en plus subtile et élaborée. Le «ça» freudien – monstre tapis dans les fondations- s’est probablement développé à partir du cerveau reptilien, produit de l’histoire évolutive présociale. Le «surmoi» – grosso modo la conscience- est une invention plus récente. Elle est la source de différentes formes d’inhibition et de culpabilité, destinées à maîtriser le ça d’une façon génétiquement rentable : c’est le surmoi qui nous empêche, par exemple, de porter tort à nos frères et sœurs et de négliger nos amis. Le «moi» est la partie qui se trouve au milieu. Ses objectifs inconscients sont ceux du ça, et pourtant il les poursuit en calculant à long terme, attentif aux avertissements et aux réprimandes du surmoi. Randolph Nesse et le psychiatre Alan T. Lloyd ont mis en évidence une adéquation entre les vues freudiennes et darwiniennes du conflit psychique. Ils voient dans le conflit un affrontement entre des avocats concurrents, affrontement produits par l’évolution pour produire de bons conseils, tout comme la tension entre les membres d’un gouvernement est conçue pour produire une bonne administration. Le conflit fondamental – le discours fondemantal – se situe «entre motivation égoïste et altruiste, entre recherche du plaisir et conduite normative et entre intérêts individuels et collectifs. Les fonctions du ça correspondent au premier terme de chacun de ces doublets, tandis que les fonctions du moi/surmoi correspondent au second». Et la vérité fondamentale, dissimulée derrière le seconde moitié de la proposition, réside dans «les bénéfices que l’on tire, a posteriori, des relations sociales.2 1 :MacLean Paul D., «A Triangular brief on the brain evolution and law», in Gruter, margaretet Bohannan Paul, Law, Biology, and culture, Santa Barbara, Californie, Ross Erikson Inc.,1983, p 88. Pour un survol rapide de l’évolution du cerveau, consulter Jastrow Robert, The enchanted loom:Mind in the universe, New York, Simon and Schuster ; 1981 2 :Nesse Randolph et Lloyd Alan, «The evolution of psychodynamic mechanisms» in Barkow Jerome H., Cosmides Leda et Tooby John, The adapted mind :Evolutionary psychology and the generation of culture, New York, Oxford University press ; 1992, p 164 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 520-522.]]>
La fermeture verticale des syndicats et ses problèmes ; Laborit
Il paraît évident que jusqu’à présent les syndicats se sont en général limités à réunir des classes fonctionnelles sur les critères des hiérarchies professionnelles : ouvriers, cadres, patrons, etc, ???, à l’intérieur des professions. Il s’agit donc d’une ouverture horizontale avec fermeture verticale. Il est certain que cette fermeture verticale interdit alors aux syndicats d’exprimer et de défendre une opinion concernant les structures car celles-ci exigent de remonter au plus grand ensemble dans les deux sens, vertical et horizontal, et à sa finalité. En conséquence, les syndicats ont bien été forcés de se limiter à la thermodynamique, essentiellement au pouvoir d’achat et aux conditions de travail. Ils n’ont utilisé leur « pouvoir » que dans ce sens restreint. Ils n’ont fait sentir l’indispensabilité d’une classe fonctionnelle que pour lui assurer un meilleur pouvoir économique mais très peu structurant. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 264]]>
Oublier… ou pas; Wright ; l'animal moral.
Rappelons la «règle d’or» de Darwin : noter tous de suite une observation qui semble en contradiction avec ses théories – «car l’expérience m’a montré que de tels faits ou de telles pensées s’échappent bien plus facilement de la mémoire que les observations favorables»1. Freud cite cette observation comme une preuve de la tendance freudienne « à éloigner du souvenir tout ce qui est désagréable»2. Pour lui, cette tendance est largement répandue : on la retrouve autant chez les esprits sains que chez les malades, et elle est au centre de la dynamique de l’inconscient. Cependant, cette prétendue généralité pose un problème : parfois les souvenirs douloureux sont précisément ceux qui sont le plus difficile d’oublier. En fait, quelques phrases seulement après avoir citer la règle d’or de Darwin, Freud admet qu’on a insisté auprès de lui sur la douloureuse persistance des «souvenirs d’offenses et d’humiliations». Finalement, la tendance à oublier ce qui est déplaisant ne serait-elle pas si générale ? Non, Freud opte pour une autre explication : la tendance à se débarasser de souvenirs douloureux est parfois couronnée de succès et parfois non ; «la vie psychique est un champ de bataille et une arène où luttent des tendances opposées», et il est difficile de dire laquelle d’entre elles va l’emporter3. Les psychologues évolutionnistes peuvent aborder la question avec d’avantage d’adresse, parce que, à l’inverse de Freud, ils n’ont pas une vision simple, schématique, de l’esprit humain. Pour eux, le cerveau a été bricolé à la va-comme-je-te-pousse pendant des millénaires pour accomplir une foule de tâches différentes. N’ayant jamais essayé de réunir sous une même rubrique le souvenir des griefs, des humiliations et des évènements désagréables, les darwiniens n’ont pas à distribuer des exemptions spéciales aux cas qui refusent de rentrer dans le cadre. Confrontés aux trois questions relatives au souvenir et à l’oubli -1° pourquoi nous oublions des données qui viennent contredire nos théories ; 2° pourquoi nous nous souvenons des griefs ; 3° pourquoi nous nous souvenons des humiliations -, ils peuvent tranquillement avancer une explication différente pour chacune. Nous avons déjà évoqué les trois explications possibles. Oublier des évènnements désagréables d’avoir force et conviction dans une dispute, or dans l’environnement de notre évolution, les disputes avaient souvent des enjeux génétiques. Se remémorer les griefs peut venir étayer certaine négociation, nous permettant de rappeler aux gens qu’ils nous doivent réparation ; par ailleurs, un grief bien conservé, c’est l’assurance de punir ceux qui nous ont abusés. Quand au souvenir des humiliations, il sert, par son inconfortable persistance, à nous dissuader de répéter des conduites capables de réduire notre statut social ; et, si les humiliations sont d’une ampleur suffisante, leur souvenir peut, d’une manière adaptative, diminuer l’estime de soi ( ou, du moins, la diminuer d’une manière qui eût été adaptative dans l’environnement de notre évolution). Croyez-le ou non, le modèle freudien de l’esprit n’est peut-être pas assez labyrinthique. L’esprit a plus de zones d’ombre et nous joue plus de tours encore que ne l’imagine Freud. 1 :Autobiographie, p 105 2 :Freud, Introduction générale à la psychanalyse ; 1922 ; Paris ; Payot ; 1989, p 64 3 :Freud, Introduction générale à la psychanalyse ; 1922 ; Paris ; Payot ; 1989, p 65. Freud a par ailleurs formulé les lois théoriques pour essayer d’expliquer les exceptions à cette loi générale que nous avons de refouler des souvenirs douloureux. L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 518-519]]>
imagination de structures inédites plutôt que dominance ; Laborit
Avec l’expansion comme moyen d’atteindre une finalité qui est la dominance, la motivation des individus et des groupes sociaux ne peut être que l’ascension dans l’échelle hiérarchique des dominances. Pour satisfaire au narcissisme congénital, au besoin d’être aimé, admiré, qui accompagne chaque individu de la naissance à la mort et constitue la base effective de ses comportements dès lors que ses besoins énergétiques fondamentaux sont assurés, n’est-il pas possible de privilégier, non la puissance, la dominance hiérarchique, mais la créativité, l’imagination ? Au lieu de motiver l’enfant à être le premier de classe, à trouver ensuite un débouché lucratif et « honorable », motiver l’individu à s’élever dans la hiérarchie professionnelle, à rechercher comme idéal la promotion sociale qui devient sensible par la possession des biens de consommation, n’est-il pas possible de le motiver à imaginer des structures nouvelles jamais encore envisagées, et cela dans quelque discipline que ce soit ? N’est-il pas possible de privilégier une telle créativité, non par un gain matériel ou de pouvoir hiérarchique, professionnel ou politique, mais par la simple reconnaissance publique de cette créativité ? La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg258-259]]>
Conscience et réputation; Wright ; l'animal moral
Lorsque nous nous sentons coupables d’avoir blessé ou trompé un frère ou une sœur, c’est parce que la sélection naturelle «veut» que nous soyons gentil avec nos frères et sœurs, puisqu’ils partagent un si grand nombre de nos gènes. Lorsque nous nous sentons coupables d’avoir blessé ou trompé un ami, ou une simple connaissance, c’est parce que la sélection naturelle «veut» que nous ayons l’air gentils ; c’est la perception de l’altruisme, et non l’altruisme lui-même, qui déclenche la réciprocité. Aussi, dans les rapports que nous entretenons avec ceux qui n’appartiennent pas à notre famille, le but de la conscience est-il de cultiver une réputation de générosité et de gentillesse, quelle que soit la réalité de la chose1. Bien sûr, pour gagner et conserver cette réputation, il faudra parfois faire preuve d’une générosité et d’une gentillesse authentiques. Mais d’autres fois, non… Ainsi la conscience de Darwin fonctionne à le perfection. Elle fait de lui un être généralement fiable, du fait de sa générosité et de sa gentillesse – dans un environnement social si restreint que génélosité et gentillesse véritables sont indispensables au maintien d’une bonne réputation morale. Mais sa bonté se révèle ne pas être d’une constance absolue. Cette conscience tant vantée, rempart apparent contre toute corruption, dispose cependant d’un discernement suffisant pour se laisser un peu fléchir le jour où la longue quête d’un statut exige une légère défaillance morale. Ce qui permet à Darwin, fut-ce inconsciemment, de tirer subtilement certaines ficelles et d’utiliser de nombreuses relations sociales aux dépens d’un jeune et impuissant rival. Certains darwiniens ont suggéré que l’on pouvait voir la conscience comme l’administrateur d’un compte épargne où se trouverait conservée la réputation morale2. 1:Mais aider grandement un allié, même à peu de frais, peut s’avérer avantageux si cela met ce dernier en situation de mieux vous aider par la suite 2:Voir Alexander Richard D., The biology of moral systems, Aldine de Gruyter, Hawthorne, New York ; 1987 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 500-501]]>