Conscience et réputation; Wright ; l'animal moral

Lorsque nous nous sentons coupables d’avoir blessé ou trompé un frère ou une sœur, c’est parce que la sélection naturelle «veut» que nous soyons gentil avec nos frères et sœurs, puisqu’ils partagent un si grand nombre de nos gènes. Lorsque nous nous sentons coupables d’avoir blessé ou trompé un ami, ou une simple connaissance, c’est parce que la sélection naturelle «veut» que nous ayons l’air gentils ; c’est la perception de l’altruisme, et non l’altruisme lui-même, qui déclenche la réciprocité. Aussi, dans les rapports que nous entretenons avec ceux qui n’appartiennent pas à notre famille, le but de la conscience est-il de cultiver une réputation de générosité et de gentillesse, quelle que soit la réalité de la chose1. Bien sûr, pour gagner et conserver cette réputation, il faudra parfois faire preuve d’une générosité et d’une gentillesse authentiques. Mais d’autres fois, non… Ainsi la conscience de Darwin fonctionne à le perfection. Elle fait de lui un être généralement fiable, du fait de sa générosité et de sa gentillesse – dans un environnement social si restreint que génélosité et gentillesse véritables sont indispensables au maintien d’une bonne réputation morale. Mais sa bonté se révèle ne pas être d’une constance absolue. Cette conscience tant vantée, rempart apparent contre toute corruption, dispose cependant d’un discernement suffisant pour se laisser un peu fléchir le jour où la longue quête d’un statut exige une légère défaillance morale. Ce qui permet à Darwin, fut-ce inconsciemment, de tirer subtilement certaines ficelles et d’utiliser de nombreuses relations sociales aux dépens d’un jeune et impuissant rival. Certains darwiniens ont suggéré que l’on pouvait voir la conscience comme l’administrateur d’un compte épargne où se trouverait conservée la réputation morale2. 1:Mais aider grandement un allié, même à peu de frais, peut s’avérer avantageux si cela met ce dernier en situation de mieux vous aider par la suite 2:Voir Alexander Richard D., The biology of moral systems, Aldine de Gruyter, Hawthorne, New York ; 1987 L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 500-501]]>

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