1 et les deux tiers se sont mis à souffrir d’arthrose ou de maladies dégénératives. Les taux de mortalité à tous les âges ont augmenté, de sorte qu’un pour cent seulement de la population arrivait à dépasser l’âge de cinquante ans après l’adoption de la culture du maïs, contre 5 pour cent à l’âge d’or d’avant le maïs. Presque un quart de la population mourait entre l’âge de 1 et 4 ans, probablement parce que les jeunes enfants venant d’être sevrés souffraient de malnutrition et succombaient aux maladies infectieuses. Ainsi, l’apparition de la culture du maïs, que l’on considère généralement comme l’un des grands événements heureux de l’histoire du Nouveau Monde, a en réalité conduit à un désastre en matière de santé publique. Les études des squelettes trouvés ailleurs à la surface du globe ont abouti à des conclusions similaires en ce qui concerne le passage de la chasse à l’agriculture dans ces autres régions. Trois types de raisons expliquent ces conséquences dommageables pour la santé. D’abord, le chasseurs-cueilleurs jouissaient d’un régime varié, comprenant des quantités adéquates de protéines, de vitamines et de minéraux, tandis que les agriculteurs se sont procurés l’essentiel de leur nourriture à partir de végétaux riches en glucides. Les agriculteurs ont ainsi obtenu à moindre effort les calories dont ils avaient besoin, mais au prix d’une alimentation appauvrie. De nos jours, trois plantes seulement riches en glucides – le blé, le riz et le maïs – fournissent plus de 50 pour cent des calories consommées par l’espèce humaine. Ensuite, en raison de cette dépendance par rapport à un petit nombre de plantes cultivées, les agriculteurs ont été exposés à un risque de famine plus élevé que les chasseurs-cueilleurs, dès lors que l’une des plantes cruciales ne donnait pas la moisson attendue – la famine qui a frappé l’Irlande au siècle dernier, déjà évoquée, n’est qu’un exemple parmi d’autres. Enfin, la plupart des grandes maladies infectieuses ou parasitaires actuelles ne se sont établies qu’après le passage à l’agriculture. Ces causes de mortalité ne persistent, en effet, que dans les sociétés où les individus sont très nombreux, mal nourris et sédentaires, car dans ces conditions les agents infectieux circulent, transmis soit entre individus, soit par le biais des eaux rejetées. Par exemple, la bactérie du choléra ne survit pas longtemps en dehors du corps humain. Elle se propage d’un individu à l’autre en raison de la contamination des eaux de boisson par les fèces de malade atteint du choléra. La rougeole s’éteint au sein de petites populations, à partir du moment où elle a tué ou immunisé la plupart de ses hôtes possibles. Ce n’est que dans les populations comprenant au moins quelques centaines de milliers de personnes qu’elle peut persister indéfiniment. De telles épidémies qui sévissent dans les masses ne pouvaient pas perdurer au sein de petites bandes éparpillées de chasseurs-cueilleurs, qui changeaient souvent de site de campement. La tuberculose, la lèpre et le choléra ont attendu l’essor de l’agriculture pour se répandre, tandis que la variole, la peste bubonique et la rougeole ne sont apparues que dans les quelques derniers millénaires, paralèllement au rassemblement de populations encore plus denses au sein des villes. 1 : la pian est une maladie voisine de la syphilis Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 337-341]]>
Classer les informations -2 ; Henry Laborit ; La nouvelle grille.
Chez celui qui se trouve bien automatisé par exemple par une grille marxiste ou psychanalytique, observez qu’il est exceptionnel que vous constatiez les symptômes d’agression informationnelle. Toute information en effet est introduite immédiatement dans la grille et décodée. Elle en ressort sous la forme explicative de la lutte des classes ou de l’œdipe et ne pose plus de problème pour programmer l’action à son égard. Si elle ne peut s’introduire dans le schéma, elle est tout simplement non signifiante, elle n’est pas informative, elle n’est pas entendue et ne pose donc aucun problème puisqu’elle ne peut influencer l’action entièrement programmée à l’avance. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg275]]>
Une révolution agricole ? ; Diamond
Classement des informations ; Henry Laborit ; La nouvelle grille.
Certains ont pu parler de l’agression informationnelle à laquelle est soumis l’homme moderne1. C’est probablement parce qu’on ne lui a pas encore appris à organiser ses informations à mesure qu’il les reçoit. Il les entasse pêle-mêle dans son système nerveux où ne surnagent que celles cohérentes avec ces pulsions ou ses automatismes. Si elles ne sont pas cohérentes avec ceux-ci, il les occulte ou il ne les entend pas, car elles seraient alors génératrices d’angoisse, génératrices de conflits, mais ce faisant il n’évite pas mieux les conflits entre les structures fermées qui l’habitent. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg275 1:Alvin Toffler (1970), Future Schock, Random House, N.Y.]]>
L'art de l'oiseau berceau ; Diamond
Ce que devrait être l'éducation ! ; Henry Laborit ; La nouvelle grille.
Elle doit à chaque instant se plaquer sur la vie, la pénétrer, s’y incorporer. Et non pas la vie professionnelle seulement, mais la vie tout court. Celle de tous les jours, celle de la poignée de main, du journal qu’on lit le soir en rentrant, du problème familial ou social que l’on doit résoudre, celle des rapports internationaux. Elle ébranle toutes les valeurs, des plus évidentes aux plus discutables. Elle remet tout en cause inlassablement. Elle pousse à la révolte contre les préjugés, les concepts éculés, les vérités premières, les « essences », les certitudes admirables, les morales, les éthiques, contre les mots, tous les mots, s’ils ne conduisent pas à écrire un poème et quand celui-ci est écrit, à déchirer la feuille qui l’a accepté. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 274]]>
Code moral; Wright ; l'animal moral.
Vu sous l’angle du nouveau paradigme darwinien, un code moral est un compromis politique modelé par des associations concurrentes, qui pèsent sur lui de tout leur poids. C’est en ce sens seulement que l’on peut dire des valeurs morales qu’elles viennent d’en haut : elles sont démesurément façonnées par les diverses parties de la société qui détiennent le pouvoir. L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ; Pg 532]]>
Une culture instrumentalisée ne remet rien en cause ! ; Laborit
La culture en effet, c’est d’abord ce qui est inutile. L’art, c’est ce qui ne sert à rien, ce dont on pourrait fort bien se passer. C’est le surplus que l’on peut s’offrir quand on a déjà le réfrigérateur, les voitures et les résidences secondaires, et ce qui peut même, avec un peu d’habileté, devenir aussi une marchandise et améliorer le capital. C’est la seule chose, dans une société de boutiquiers et de trafiquants, qui donne bonne conscience, fière allure, qui marque le désintérêt. C’est le souvenir de l’ancienne classe dominante, oisive et inutile, celle des salons et des cours, des particules et des plumets, qui traîne encore dans l’atmosphère irrespirable de nos cités modernes. Le Bourgeois Gentilhomme n’est pas mort, il s’est même reproduit avec une rare efficacité. Il était essentiellement prolifique. C’est cette culture, séparée du vivant, cette culture-colifichet, qu’on propose au peuple pour qu’il ait l’illusion avec elle d’améliorer son standing, sa situation hiérarchique, l’illusion de se gratifier. Or cette information culturelle n’est pas inutile, mais comment l’interpréter, comment même la comprendre, sans code sociobiologique qui lui restitue sa signification, qui permet d’inclure son message dans l’ensemble des comportements humains en situation sociale au cours de l’histoire ? Le créateur, ses motivations, la nature de son angoisse, se recherche infructueuse du plaisir, ses automatismes socioculturels, le matériel utilisé par son imaginaire, son inconscient pour tout dire, s’inscrivent dans l’histoire de l’homme social d’une époque. De même, la façon dont il est compris, dont son œuvre est décodée pour lui-même, pour le groupe, par ceux qui le reçoivent, n’est pas un phénomène isolé de la biologie des comportements. C’est avant tout un phénomène biosociologique qui s’inscrit dans un système, dans une information-structure, dans une hiérarchie de dominance. Alors, là encore on peut bien écrire des volumes sur les œuvres que nous laissent les créateurs, en enfilant les mots comme les perles d’un collier, en fournissant un discours logique pour interpréter la logique du rêve qui, lui, ne connaît que la biochimie complexe du fonctionnement nerveux, et appeler ça culture. Il est probable qu’il ne s’agit que d’un apprentissage supplémentaire dont l’avantage réside surtout dans le fait que l’absence de références expérimentales laisse une grande latitude à l’expression d’une prétendue originalité, que les automatismes techniques rendent si rare aujourd’hui. Comme cette originalité d’opinion n’a pas de conséquences sur le processus de production individuel et a peu de chance de transformer seule la structure sociale, les hiérarchies ont tout intérêt à développer dans les masses ce mécanismes gratifiant qui ne risque pas de contester leur dominance. Il peut même être utilisé par elle pour la consolider. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg270-271]]>