Quelques-unes choisirent la première solution, dans la mesure ou elles furent incapable de prévoir quels seraient les inconvénients ultérieurs de l’agriculture. Du reste, elles furent initialement encouragées à persister dans cette voie parcequ’elle connurent effectivement un état d’abondance transitoire, tant que l’accroissement de leurt population n’avait pas encore annulé le bénéfice de l’accroissement de la production alimentaire.
Les effectifs démographiques de ces tribus devinrent alors bien plus élevés que ceux des tribus qui avaient choisi de rester chasseur-cueilleurs ; et les premières repoussèrent donc les secondes dans les régions peu favorables à l’agriculture ou bien les exterminèrent : en effet, dix paysans mal nourris sont néanmoins plus forts qu’un seul chasseur en bonne santé.
Il n’est pas vrai que le mode de vie lié à la chasse et à la cueillette ait été abandonné, mais les êtres humains qui ont été assez perspicace pour décider de continuer à vivre ainsi ont été repoussés de toutes les régions, excepté de celles dont ne voulaient pas les agriculteurs. Les chasseurs-cueilleurs actuels persistent principalement dans diverses régions de par le monde inadaptées à l’agriculture, comme le désert ou l’Arctique.
Les archéologues qui étudient l’origine de l’agriculture ont réussi à reconstituer les grandes caractéristiques du moment où nous avons pris l’une des décisions les plus cruciales de l’histoire humaine : forcé de choisir entre limiter la croissance de la population humaine ou accroître la production alimentaire, nous avons opté pour le second terme de cette alternative, d’où il a résulté la famine, la guerre, la division sociale et la tyrannie. Or, le même choix se pose de nouveau à présent, à la différence près que nous pouvons maintenant disposer des leçons du passé.
Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 346-347
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