Alors que dans
l’organisme une des motivations fondamentales est l’angoisse
existentielle, le déficit informationnel à l’égard du devenir, les
structures sociales contemporaines font tout ce qui est en leur
pouvoir pour occulter cette angoisse au lieu d’en profiter pour
favoriser l’expression de l’imaginaire ou au contraire favoriser la
diffusion d’informations tendancieuses et angoissantes pour en tirer
profit. Le processus de décision n’apparaît tel que parce qu’il est
essentiellement automatisé et que ceux qui se croient les
dépositaires de cette responsabilité sont inconscients du fait
qu’ils n’y répondent qu’au coup par coup en faisant appel
strictement à leurs pulsions primitives et à leurs automatismes
socioculturels, à leur apprentissage technique. Aucune invention
là-dessus, on reproduit ce qui a déjà marché. Pas de création,
mais ajustements réciproques dans un système qui tente de se
pérenniser. Or la création, l’imagination, ne sont possible qu’à
partir d’une certaine expérience et celle-ci n’est pas acquise par
un élément d’un ensemble, mais par l’ensemble des éléments. C’est
donc à l’ensemble de l’organisme social que revient le devoir
d’imaginer. Pour cela il est nécessaire que l’information circulante
concernant la structure interne et ses rapports avec l’environnement
circule, on qu’on ne l’enferme pas dans des automatismes conceptuels
qui ne sont favorables qu’au conservatisme de la culture hiérarchique
de la dominance.
La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard.
Pg284-285
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